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 Antisémitisme (8861)

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Radinouk

Radinouk


Messages : 277
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MessageSujet: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptySam 20 Déc 2014 - 14:31

L'antisémitisme n'en finit pas de rebondir depuis la fin de la guerre et le génocide des Juifs d'Europe. Si on peut difficilement taxer l’État français d'antisémitisme étatique, [L’État lui préfère aujourd'hui d'autres minorités], il existe une persistance des idées antisémites dans la société française, qui prend parfois corps dans des violences inhabituelles (affaire Halimi, Meutres perpétrés par Mohamed Merah et plus récemment l'agression et le viol d'un couple religieusement mixte judéo-chrétien). L'équation facile aurait voulu qu'après la mise à mort de près de 6millions de « Juifs » sur le territoire européen, l'antisémitisme disparaisse. Chacun se serait rendu compte que cette idée était profondément xénophobe et nocive pour l'humanité. L'équation est plus complexe et l'antisémitisme a muté. Sans doute était-il naïf de penser que, malgré le génocide, il était possible d'éliminer en si peu de temps un rejet qui date du début du Moyen – âge ? Ceux qui minimisent l'antisémitisme oublie ce facteur historique, on n'efface pas une haine si ancrée dans la société en un demi-siècle. Nous pouvons aussi rappeler qu'à la sortie de la guerre, dans tous les pays, l'antisémitisme a persisté. En Pologne, lieu du génocide, des pogroms ont eu lieu contre les rares juifs qui restaient, accusés d'être responsables des années de guerre. D'où vient l'antisémitisme ?

Revenons sur quelques éléments historiques.
L'antijudaïsme est un rejet de la religion juive. Il a été formulé par le christianisme, puis à nouveau dans l'Islam. Ces fondements sont des fondements religieux propre à chacune des religions monothéistes. Pour les Chrétiens, il repose sur l'idée que le peuple juif est un « peuple déicide ». c'est-à-dire le peuple qui a tué le fils de Dieu, Jésus Christ.
Si le christianisme est au départ une secte juive parmi tant d'autres, il s'est construit contre le Judaïsme jusque devenir la religion de l'Empire romain en 403 ap. J.-C. Présent en Europe, les Juifs ont été soumis à divers mesures discriminatoires selon les périodes et les royaumes ; création de ghetto à Venise en 1516, port de la rouelle (étoffe jaune pour les distinguer) sous Saint Louis en France.
L'émancipation des Juifs durant la révolution française va constituer une étape importante pour la libération des Juifs, mais va aussi fonder le début d'une réflexion sur le rejet des Juifs non plus en tant que religion, mais en tant que « race ». L'émancipation des Juifs est le fait de les avoir considéré des citoyens comme les autres. Cette idée va se propager à travers l'Europe. L'Antisémitisme est le rejet des Juifs compris comme une race. L’antisémitisme en tant que mot n'apparaît qu'en 1867 en Allemagne sous la plume de Wilhelm Marr. Si le mot est formé sur un rejet des « sémites », il s'agit dès le départ d'un terme qui vise uniquement les Juifs, et plus particulièrement les Juifs allemands. L'objectif de Wilhelm Marr est de formuler un rejet des juifs qui ne soit plus confessionnel (comme l'anti-judaïsme) mais repose sur le fait que le peuple juif est pensé comme race, c'est-à-dire comme constitué par des traits biologiques communs qui entraînent un comportement commun. Ces « traits communs » sont présentés comme négatifs pour les Juifs (contre positif pour les « Aryens » ou les « Français » selon de qui vient l'antisémitisme).
L'antisémitisme est donc une actualisation de l'anti-judaïsme. De la haine d'une religion, nous sommes passé à la haine d'un « peuple racialisé ». Ce racisme se développe à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle. Il n'existe pas auparavant.

CADRE :
Les sémites, qui sont-ils ? Les sémites n'existent pas. Il existe des langues sémitiques dont l'hébreu fait parti, comme l'arabe, l’araméen, le babylonien, l’assyrien ou l’éthiopien. Il s'agit d'une création de racialistes européens.

QU'EST-CE QU'UN JUIF ?

En France, dans les années 30, le terme de « juif » était profondément péjoratif. Il renvoyait à des immigrés de religion juive. Les personnes dont les parents avaient pratiqué la religion juive mais qui étaient de nationalité française depuis longtemps était elles dénommées « Israélites ».
Un « juif » est avant tout une personne qui pratique la religion juive. La religion juive est une très vieille religion qui date de plusieurs millénaires et qui a beaucoup évolué au fil des siècles.
D'autres se disent juifs par tradition familial. Ils se sentent inscrits dans une culture particulière sans pour autant se penser religieux ou fréquenter une quelconque « communauté juive ». Ils portent une histoire familiale.


LA DIFFICILE QUESTION DE L'ANTISIONISME ?

Aux éléments historiques propres à l'Europe s'est ajoutée depuis peu la question de la politique de l’État d’Israël. Cet État peut se voir comme la réalisation d'une utopie politique qui s'appelle le sionisme. Le sionisme est né dans les groupes juifs en Europe, victimes de pogrom ou de montée paranoïaque comme l'histoire de l'Affaire Dreyfus en France. Cette utopie reposait sur la création d'un État indépendant (des Empires) sur le territoire mythique d'Israël. Le projet sioniste est inventée au moment des vagues de nationalismes du XIXe siècle, à une période de l'histoire où la nation est pensée comme un progrès politique et social. Le sionisme ne fut pas défendu par la majorité des Juifs qui vivaient en Europe. Il était notamment refusé par le BUND, qui était un parti des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie dans la Russie tsariste puis en URSS. Leur projet socialiste ne se satisfaisait pas d'un projet nationaliste.

C'est dans d'autres conditions et sur les décombres de le Seconde Guerre mondiale que se fonde l’État d'Israël en 1948. Si la création d'un « foyer national juif » était antérieur à la guerre, la possibilité d'un État devient possible en 1945. Le partage de la région se fait avec les puissances sur le départ et grâce à la très jeune ONU. Très vite la guerre éclate entre les israéliens et leurs voisins, tout qualifiés de pays arabes. Le conflit israélo-arabe, devenu israélo-palestinien est né.
Il existe aujourd'hui plusieurs antisionismes. Le premier d'entre eux se fonde sur le prolongement du projet politique du BUND, mais le mouvement ayant disparu durant le génocide, il en reste peu. Un mouvement religieux s'oppose au sionisme sur les principes que Israël, la mythique, a été détruite et qu'il n'y a aucun sens à la refonder fictivement. Il existe enfin un antisionisme propre à l'opposition à Israël, avec des branches différentes. p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 120%; }a:link { } En voici deux "de gauche" :
Il peut passer par une critique du colonialisme. Israël est un État colonial qui oppresse les Palestiniens et leur refusent un État. Si la critique de base est fondée, l'argumentaire flanche dans la mesure où Israël n'est pas le seul État issu d'une révolution nationale a avoir mal tourné. A ce titre, la critique d’Israël n'est pas différente de la critique du nationalisme en général, ce qu'on a tendance à omettre.
Il peut passer par la critique du caractère Juif de l’État d’Israël. Ici c'est à nouveau à double tranchant. Le caractère « juif » peut être entendu comme un nationalisme comme un autre, auquel Juif n'a pas d'importance en réalité ou alors c'est bien le Juif,comme caricature du monstre qui est montré du doigt et là c'est de l'antisémitisme.
p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 120%; }a:link { }
Il semble ici que plutôt que de parler d'antisionisme, s'opposer à la politique de l’État d’Israël au même titre que le fait que la politique de n'importe quel État national permettrait d'avoir un discours clair et dénué d'antisémitisme. Il nous faut aussi préciser que le fait qu''un certain nombre de personnes délirantes se définissant comme juives (du type gouvernement israélien) utilise le terme de Juif pour empêcher le débat n'autorise pas le mouvement pro-palestinien à faire de la caricature et flirter avec l'antisémitisme en remplaçant par exemple le terme d'"Israélien" par celui de "Juif" ("Des Israéliens tuent des Palestiniens" est une phrase juste. "Des Juifs tuent des Palestiniens" est une phrase antisémite.)
ENCADRÉ : L'antisémitisme délirant « de gauche » :

Les Juifs c'est l'argent, donc le capitalisme. En tant qu'anticapitaliste, nous sommes contre les Juifs !! = Est-il besoin d'expliquer la bêtise de ce cliché contre les Juifs ? Rassurez-vous, les plus grands banquiers du Moyen – Age n'étaient pas juifs mais bien chrétiens (et selon la théorie du sociologue allemand Max Weber, protestants).



Les Juifs et la théorie du complot 

L'antisémitisme ressemble un peu aux recettes de grand-mère, quand on a rien à dire et qu'on veut pas chercher à comprendre on dit : « Les juifs dominent le monde et la finance », ils sont responsables de notre malheur à tou-te-s. Depuis le protocole de Sion, faux livre inventé par les services secrets russes de l'Empire en 1903, accuser les Juifs de dominer le capitalisme est un cliché ressassé, mais qui marche !



ENCADRÉ : Les Juifs et Hitler 
Dans la catégorie délire, certains répètent aussi à volonté qu'Hitler était juif. Cette assertion sert à dire que les Juifs sont en réalité responsable de leur propre malheur. Adolf Hitler n'est pas juifs, mais si c'était le cas, est-ce que ça changerait quelque chose ?

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ja




Messages : 47
Date d'inscription : 17/11/2013

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MessageSujet: retour texte antisémitisme   Antisémitisme (8861) EmptyDim 28 Déc 2014 - 11:25

"Si on peut difficilement taxer l’État français d'antisémitisme étatique,". Pour moi c'est trop brutal en tout début de texte, surtout dans un contexte où ce qui est reproché à l'Etat français, notamment autour de la lutte palestinienne (et ce qui permet également toutes les dérives jusqu'à la théorie du complot) c'est surtout, au contraire, sa proximité, avec un gouvernement israélien raciste, mais plus largement, les diners du CRIF, l'importance et l'impact du CRIF sur un gouvernement "laïque", la place et l'importance donnée aux discours du crif (et de son président)...
a mon avis cela aurait plus de sens d'en parler à la fin quand tu évoques les critiques politiques.

Retour historique

Le passage de 403 à 1516 est un peu brutal. Ne faut-il pas réduire (ou supprimer ?) ce début de partie, pour se concentrer et développer plus longuement ce qui me parait le plus important dans ce paragraphe et que tu repères sous la plume de Wilhelm Marr, à savoir le passage d'un rejet religieux à un rejet de race.
Y-a-t-il une contradiction temporelle entre le rejet des juifs que tu situes au début du moyen âge dans ton intro, et la caractérisation du peuple juif comme peuple déicide par le christianisme et l'islam dans le retour historique ?

"L'émancipation des Juifs durant la révolution française va constituer une étape importante pour la libération des Juifs, mais va aussi fonder le début d'une réflexion sur le rejet des Juifs non plus en tant que religion, mais en tant que « race ». L'émancipation des Juifs est le fait de les avoir considéré des citoyens comme les autres".
Proposition :
L'émancipation des Juifs durant la révolution française, c'est-à-dire le fait de les avoir considéré en tant que citoyens comme les autres, va constituer une étape importante pour la libération des Juifs, mais va aussi fonder le début d'une réflexion sur le rejet des Juifs non plus en tant que religion, mais en tant que « race ».
J'ai l'impression que ça permet de mieux enchainer avec la suite : "Cette idée va se propager à travers l'Europe". Puisque de la manière dont je comprends ton texte, "cette idée" c'est l'antisémitisme et non l'émancipation des juifs ?

"Aryens » ou les « Français » selon de qui vient l'antisémitisme)" pas très clair. 
Moi j'aurais besoin de plus sur ce passage religion/race. Que tu nous dises ce que ça veut dire pour toi.

Faut-il préciser la notion de "peuple juif". Pour moi c'est quelque chose qui n'a jamais été claire.

J'imbrique peut-être trop antisémitisme et conflit israelo palestinen (et en même temps j'ai l'impression qu'actuellement c'est la position politique de soutient relativement indeffectible à Israel qui l'assoit), mais pour moi les années 2000 marquent un nouveau retournement avec un retour de la religion dans le conflit israelo-palestienen, en tout cas dans la manière dont il est perçu en France. Le combat est de moins en moins une question territoriale, mais il y a un retour puissant de revendication clairement antisémites et religieuses autour de la supression d'Israel, et non plus de retour aux limites territoriales de 48.

Le cadre sur les sémites. C'est bien. Il est nécessaire, mais trop bref à mon avis. Tu affirmes que ça n'existe pas. Il faut une phrase pour étayer ce propos à mon avis.

LA DIFFICILE QUESTION DE L'ANTISIONISME ?


"Aux éléments historiques propres à l'Europe s'est ajoutée depuis peu la question de la politique". Je pense que ça nécessite une précision datée.


"Le partage de la région se fait avec les puissances sur le départ et grâce à la très jeune ONU".
Que signifie les puissance sur le départ ? Pour moi ici, il faut préciser la vision coloniale "sioniste" des groupes autour de Ben gourion, prenant les arabes de cisjordanie à ce moment là, pour des bêtes à éduquer. Insister sur la partage proprement colonial de la région. D'ailleurs existe-t-il des partages régionaux venenant de l'exterieur, en dehors de ce qu'on nomme le colonialisme ?


"l'argumentaire flanche dans la mesure où Israël n'est pas le seul État issu d'une révolution nationale a avoir mal tourné"
ici j'ai besoin de précision, il faut que tu développes, ça donne l'impression que c'est clair dans ta tête mais que tu ne développes pas complétement. des exemples "autres".

"Il peut passer par la critique du caractère Juif de l’État d’Israël. Ici c'est à nouveau à double tranchant. Le caractère « juif » peut être entendu comme un nationalisme comme un autre, auquel Juif n'a pas d'importance en réalité ou alors c'est bien le Juif,comme caricature du monstre qui est montré du doigt et là c'est de l'antisémitisme".
Formulation peu claire. désolé aucune proposition ne me vient.

"Il semble ici que plutôt que de parler d'antisionisme, s'opposer à la politique de l’État d’Israël au même titre que le fait que la politique de n'importe quel État national permettrait d'avoir un discours clair et dénué d'antisémitisme."
Proposition :
s'opposer à la politique de l'Etat d'Israël en tant que politique d'un Etat national comme un autre, permettrait...


Les Juifs et la théorie du complot 

Oui !! Mais faudrait-il ajouter une phrase pour que ceux qui ont des tendances théories du complot s’interroge ?

Peut-être que finalement on t'as poussé à parler de trop de chose. Je disais dans un mail qu'il fallait parler du sionisme et là en réflechissant devant ton texte je me dis que ça embrouillait peut -être le truc sans pouvoir avoir un propos clair et précis sur l'antisémitisme.


Hésite pas à appeler.
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Radinouk

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MessageSujet: ARTICLE ENCYCLOPEDIE ANTISEMITISME   Antisémitisme (8861) EmptySam 3 Jan 2015 - 10:35

Des extraits de l'article antisémitisme de l'Encyclopédie, j'ai gardé des gros bouts pour l'histoire puis pas grand chose pour la période contemporaine car je ne trouve pas que l'article apporte grand chose. Si vous le voulez en entier, dites moi, je peux vous l'envoyer par mail. Il est écrit par Esther Bensassa, qui est universitaire et aujourd'hui députée d'E.E.L.V.




Dans un pamphlet publié en 1879, La Victoire du judaïsme sur la germanité, le journaliste et agitateur politique allemand Wilhelm Marr utilise les mots de « sémitisme » et d'« aryanisme », dérivés des classifications de la linguistique et de l'anthropologie physique de la seconde moitié du xixe siècle. La même année, il fonde la Ligue antisémite, qui consacre l'entrée du terme antisémitisme (Antisemitismus) dans le vocabulaire politique. Produite directement par les idéologies nationalistes et racistes alors en pleine expansion, cette expression nouvelle de la haine contre les juifs n'est cependant pas sans liens avec ce que Hannah Arendt désigne, dans la Préface de Sur l'antisémitisme, par « haine religieuse du Juif » (religious Jew-hatred) qu'on appelle aujourd'hui « antijudaisme », hostilité repérable dès l'Antiquité, qui va se prolonger et s'amplifier au Moyen Âge dans l'Occident chrétien, et finalement perdurer jusqu'au xxe siècle. L'antijudaïsme ne naît certes pas avec le christianisme, même si sa version chrétienne comporte une dimension théologique absente dans les sociétés païennes, déterminante pour comprendre les conditions spécifiques d'apparition de l'antisémitisme contemporain dans la culture occidentale. Il nous faut donc nécessairement faire retour sur cette « préhistoire » de l'antisémitisme avant d'aborder en tant que telles les causes immédiates de sa naissance et de son développement, aux xixe et xxe siècles.

[...]

Né de la prédication au ier siècle de Jésus de Nazareth et de ses disciples, le christianisme est l'une de ces nombreuses sectes messianiques et apocalyptiques juives qui surgissent à l'époque, au sein d'un judaïsme profondément divisé sur l'attitude à adopter face à l'occupant romain et à l'hellénisation qui progresse grâce à lui. Il en conserve évidemment de nombreux traits, comme le montrent les communautés judéo-chrétiennes du ier siècle, qui entendent continuer d'observer la loi juive (circoncision, sabbat, interdits alimentaires, etc.). Il ne s'en sépare définitivement qu'à l'issue des deux guerres juives de 66-70 et de 132-135, qui scellent la faillite du « messianisme séculier » et confortent le judaïsme des pharisiens, qui ont condamné l'hérésie chrétienne. Du côté chrétien, la priorité donnée, en particulier par l'apôtre Paul, à la prédication des Gentils (les non-juifs), conduit aussi à insister sur les différences et à créer la plus grande distance possible entre les deux communautés. Dans les écrits des pères de l'Église grecs et latins, à partir du iie siècle, la condamnation des valeurs religieuses et culturelles juives occupe une place de choix, comme l'illustre le Contre les Juifs de Tertullien (env. 200). Le stéréotype du peuple « déicide », assassin du Christ, devient alors un argument pour les dresser l'une contre l'autre, notamment chez Eusèbe de Césarée, Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome. Au ive siècle, un changement radical se produit. Par suite de l'alliance passée entre l'empereur Constantin Ier et le parti chrétien, le christianisme devient la religion prépondérante de l'Empire et s'érige en « Vrai Israël », selon l'esprit (Nouvelle Alliance), face à un Israël déchu, resté attaché à l'ancienne loi, selon la chair (Ancienne Alliance). Lorsque le christianisme est proclamé religion de l'Empire par Théodose Ier, en 380, les grandes lignes de la théologie chrétienne sont définitivement arrêtées à l'égard des juifs. Si la religion juive est la seule à conserver le statut de religio licita accordé sous l'empire païen aux multiples religions orientales (cultes d'Isis, de Mithra, etc.), c'est uniquement parce qu'Israël est considéré comme « peuple-témoin » d'une erreur et que sa conversion, à terme, s'inscrit dans l'eschatologie chrétienne. Il n'en reste pas moins que les juifs, qui n'ont reconnu ni la messianité ni la divinité de Jésus, portent la responsabilité de sa crucifixion, qu'ils ont été rejetés par Dieu, chassés de leur terre et condamnés à l'errance. Les chrétiens s'affirment les seuls héritiers et interprètes légitimes de l'Écriture, laquelle témoigne contre les juifs. Les interprétations que font ces derniers du texte sacré sont réputées insensées, comme l'énoncera en 553 une loi de l'empereur Justinien, la novelle 146.

L'occident chrétien

Tout au long du Moyen Âge, le sort réservé aux communautés juives variera selon les périodes et les contextes : protection relative et maintien dans une condition dépendante et humiliante, campagnes de conversion par la persuasion, persécutions violentes, conversions forcées et expulsions, diabolisation et ségrégation systématiques. L'évolution n'est pas uniforme dans l'ensemble du monde chrétien, mais une nette aggravation peut être repérée à partir du xiie siècle.
Durant le haut Moyen Âge, l'Église s'applique à réduire la place qu'occupent encore les juifs dans la société, héritée de leur statut de citoyens sous l'Empire romain. Elle interdit aux clercs de s'attabler avec les juifs, à ces derniers de sortir en public pendant la période de tension religieuse allant du Jeudi saint à la fin des Pâques, ou de se mêler à la population chrétienne. Elle prohibe les mariages mixtes, jusque-là relativement fréquents, en particulier sous les Mérovingiens. Les fonctions de percepteur d'impôts et de juge sont fermées aux juifs. Les décisions réitérées des conciles locaux, entre le vie et le viie siècle, montrent en même temps que l'Église peine à les faire appliquer rigoureusement. Elle s'attelle aussi à la tâche de ramener sur la bonne voie les « juifs perfides » – l'expression apparaît au viie siècle, l'adjectif latin étant alors utilisé au sens d' « infidèle » –, par la conversion au christianisme en usant davantage de la persuasion que de la contrainte, comme le préconisait le pape Grégoire le Grand.

[...]

La période des croisades marque un tournant dans l'antijudaïsme chrétien d'Occident. En 1095, l'appel à la première croisade entraîne une vague de violences contre les juifs, dans une moindre mesure en France mais surtout dans la vallée du Rhin. Des communautés sont massacrées à Spire, Mayence, Worms, Ratisbonne. La pratique des conversions forcées provoque des suicides collectifs pour échapper à l'apostasie. Les récits juifs des persécutions qui ont accompagné le passage des croisés font état de la protection accordée par certains évêques. En tout état de cause, l'Église ne peut être tenue responsable des massacres commis. Elle condamne derechef les violences similaires déclenchées par la deuxième croisade, en 1146. La bulle Sicut Iudeis prise par le pape Calixte II en 1122 ou 1123, qui garantissait la protection des juifs, fut réitérée par plusieurs de ses successeurs jusqu'au xve siècle.

[..]

Aux xiie et xiiie siècles apparaissent un peu partout en Occident chrétien des symptômes inquiétants d'une dégradation de la condition juive.
Les juifs dépendent de plus en plus du seul bon vouloir du prince qui peut disposer d'eux à sa guise. C'est ainsi que Philippe Auguste expulse les juifs du domaine royal en 1182 pour mettre la main sur leurs biens et renflouer le Trésor, avant d'autoriser leur retour en 1198. Le règne de Saint Louis est quant à lui marqué par toute une série de mesures dirigées contre les juifs et par le brûlement du Talmud (1242 ou 1244).
C'est aussi l'époque où resurgit la calomnie du meurtre rituel. Dans cette nouvelle version, les juifs sont accusés d'utiliser le sang de chrétiens sacrifiés pour la confection des pains azymes consommés pendant la fête de Pâque. La première de ces accusations est proférée en 1144 à Norwich en Angleterre. Malgré la dénonciation expresse de ce mensonge par Innocent IV dans sa lettre Lacrimabilem Iudaeorum adressée aux évêques en 1247, l'accusation se répétera. À Blois, en 1277, elle aboutit à l'anéantissement presque total de la communauté locale. Elle est suivie de bien d'autres.
Depuis le quatrième concile du Latran, en 1215, le juif doit porter sur lui la marque de sa différence : la rouelle en France, un chapeau particulier en Allemagne, un signe en forme de tables de la Loi en Angleterre. À la longue, l'antijudaïsme, justifié en dernière instance par la science théologique, a gagné à la fin du xiiie siècle l'ensemble de la société chrétienne. Une nouvelle période d'expulsions s'ouvre pour les juifs d'Europe. En 1290, ce sont les communautés d'Angleterre et de Gascogne qui sont chassées. Des expulsions locales sont décidées en Allemagne et en Italie. En 1306, Philippe le Bel expulse une nouvelle fois les juifs du royaume de France.
Le Moyen Âge finissant est marqué par de profonds bouleversements. Les famines et les épidémies sont plus fréquentes. Les populations sont décimées. L'Occident est traversé par des crises sociales, économiques, politiques et religieuses. Tandis que les interdictions faites aux chrétiens de pratiquer l'usure se font de plus en plus rigoureuses, la spécialisation progressive du groupe juif dans le prêt à intérêt contribue à accentuer sa différence, même s'il est bien loin d'en avoir le monopole (banquiers cahorsins et lombards). Il devient la cible d'une certaine frange de la société, qui constitue sa clientèle, en particulier en période de famine ou de crise économique, où il est livré à la vindicte populaire.
Les années 1320-1321 voient déferler une croisade de pauvres, essentiellement des bergers, la croisade dite « des pastoureaux ». Elle donne lieu à des persécutions et des massacres de juifs dans le Midi, puis en Touraine et dans le Berry, où ces derniers sont accusés, avec les lépreux, d'empoisonner les puits. En 1336 et 1339, des bandes de paysans pauvres, les Judenschlager (« tueurs de juifs »), réunies autour d'un chef qu'ils appellent le « roi Armleder », font régner la terreur de l'Alsace à la Souabe. Pendant la grande épidémie de peste noire de 1348 à 1352, les juifs sont tenus pour responsables de la propagation du fléau et sont massacrés dans nombre de localités. Les persécutions s'étendent à toute l'Europe.
Les expulsions du royaume de France se multiplient à cette époque, jusqu'à l'expulsion définitive décidée par Charles VI, en 1394. En revanche, dans le Midi et dans les territoires qui ne sont pas encore rattachés à la couronne, les juifs continuent à mener une vie relativement paisible. Dans les royaumes d'Espagne voisins, les grandes persécutions de 1391 portent un coup fatal au judaïsme ibérique et entraînent des conversions forcées massives au christianisme qui créent la catégorie stigmatisée des conversos (convertis). Entre 1450 et 1520, de nombreuses villes allemandes expulsent leurs juifs, puis les rappellent ; les princes agissant de même. Toutefois, l'absence, dans l'Empire germanique, d'une autorité centrale susceptible de prononcer une expulsion globale limite l'impact de ces mesures. À la fin du xve siècle, il est mis fin à la présence juive en Provence, annexée au royaume de France à la mort du roi René en 1480. En 1492, les souverains espagnols expulsent définitivement les juifs de leur pays, lesquels trouvent refuge dans l'Empire ottoman et dans une moindre mesure en Afrique du Nord.
[...]

Ni la Renaissance ni la Réforme ne parviennent à modifier l'image et la condition dégradées des juifs d'Europe. Le développement de l'imprimerie en Europe contribue puissamment à la propagande des stéréotypes antijuifs. Un humaniste comme Érasme ne leur applique guère ses principes de tolérance. Dépité qu' ils n'aient pas adhéré à sa nouvelle doctrine, Luther publie en 1543 trois pamphlets Von den Juden und ihren Lügen (À Propos des juifs et de leurs mensonges), qui non seulement reprend les calomnies médiévales, mais appellent ouvertement à la violence contre les juifs, à brûler leurs synagogues et à les bannir. En raison du rejet par Luther de la doctrine de la transsubstantiation – qui affirme la présence réelle du Christ dans l'eucharistie –, les calomnies de meurtre rituel et de profanation d'hostie tendent en revanche à disparaître dans le monde protestant européen. C'est le courant calviniste, davantage ancré dans l'Ancien Testament, qui se montre finalement le plus accueillant à leur égard. Les nouveaux chrétiens fuyant la péninsule Ibérique créent à partir du xvie siècle de nouvelles communautés dans le nord de l'Europe, en des lieux qui n'en abritaient pas jusque-là, notamment à Amsterdam. [...] 
Dans l'Europe catholique, les territoires relevant de la papauté (Comtat Venaissin, Avignon et domaine pontifical italien) sont les seuls encore, au début du xvie siècle, en mesure de garder leurs juifs ou d'en accueillir de nouveaux. Mais la Contre-Réforme, en raison de son retour à l'orthodoxie doctrinale catholique, réaffirme avec vigueur son hostilité aux juifs « infidèles » et « meurtriers » du Christ. Cette période correspond à l'apparition des ghettos, conséquence de lois contraignant les juifs à habiter dans un quartier unique et fermé, et mesure qui contribue à les marginaliser davantage. Le premier d'entre eux est implanté à Venise en 1516. Cette ségrégation restera effective durant tout le xviie siècle. Absents du royaume de France, mis à part dans le Sud-Ouest, où ils sont tolérés dès le xvie siècle en tant que marchands « portugais » ou en Lorraine et en Alsace, avec l'entrée des troupes françaises [...]

D'une manière générale, les philosophes, imbus de rationalisme et d'universalisme, sont peu favorables au judaïsme et au peuple juif. Hostiles à l'oppression et à la discrimination, ils revendiquent bien pour lui davantage d'humanité, mais sans pour autant vraiment connaître et respecter la spécificité du monde juif. Plus que de la reconnaissance du juif en tant que juif, les apôtres des Lumières sont surtout soucieux de sa « régénération » par l'éducation et l'exercice de métiers considérés comme plus utiles à la société que le prêt à intérêt et le colportage. [...]

Aboutissement politique des réflexions engagées par les Lumières, la loi relative aux Juifs adoptée par l'Assemblée nationale le 27 septembre 1791 et promulguée par Louis XVI le 13 novembre apporte à la question juive une réponse qui consacre pour la première fois en Europe le principe de l'égalité en droit des juifs.
[...]

Après 1848, l'émancipation des juifs s'impose un peu partout en Europe.

[...]

Dans l'imagerie populaire et rurale correspondant à ce courant, le juif est l'agent de la Révolution, le persécuteur du clergé, le fossoyeur de la religion et de la civilisation chrétiennes (accusations réactivées lors de la révolution russe). L'antijudaïsme religieux du xixe siècle est donc nettement contre-révolutionnaire, associé au clan « ultra ». Il est plus virulent que jamais sous la IIIe République, à partir de 1879, en réaction au programme de laïcisation de l'éducation entrepris par le nouveau régime. Le juif est considéré non seulement comme l'artisan de la Révolution et de l'anticléricalisme, mais aussi comme le persécuteur du clergé, le fossoyeur de la religion et de la civilisation chrétiennes. Dès le début du siècle, cet antijudaïsme a produit une abondante littérature. Il prend de l'ampleur sous le second Empire, avec la parution, en 1869, de l'ouvrage du chevalier Henri Gougenot des Mousseaux, Le Juif, le judaïsme et la judaïsation des peuples chrétiens, qui deviendra une référence de l'antisémitisme.

[...]

La gauche apporte sa propre contribution au renouvellement du discours de haine contre les juifs. Les premiers théoriciens de la révolution industrielle et de la classe ouvrière, tels Charles Fourier, Pierre Joseph Proudhon et Auguste Blanqui, dénoncent les conséquences de cette révolution ainsi que le cortège d'injustices qu'elle entraîne et préconisent le retour au stade préindustriel. À l'exception notable du mouvement saint-simonien, cet anticapitalisme socialiste vire très facilement à l'antisémitisme économique : le juif devient alors ce parasite qui infeste, d'après Fourier, les fonctions improductives du commerce, qui investit dans les machines destructrices de travail, qui détourne le revenu des classes laborieuses. [...] Dans cet avatar athée de morale chrétienne, les juifs seront globalement assimilés aux Rothschild, agents du mal absolu : l'égoïsme et l'injustice capitalistes. [...] Il faudra attendre l'affaire Dreyfus pour que la gauche républicaine rompe finalement avec cette tradition.

[...] Les Rothschild nourrissent le fantasme des antisémites de droite et de gauche, avec son corollaire, la hantise du pouvoir juif occulte. C'est l'ère de la dénonciation du complot juif qui s'ouvre, un thème récurrent supposé expliquer tous les troubles sociaux et politiques, bientôt indissociable de son jumeau, le complot franc-maçon.


Le troisième discours moderne de rejet des juifs qui se met en place au cours du siècle n'est pas d'ordre religieux ou socio-économique, mais d'ordre pseudo-scientifique. Détournant à son profit les catégories de la linguistique, de l'anthropologie physique et de la biologie évolutionniste, l'antisémitisme pseudo-scientifique dresse des hiérarchies entre les races, idéalise l'aryen et fait du sémite son négatif, affligé des signes physiques visibles de son infériorité. Cette science récente qu'est alors l'anthropologie était très imprégnée des idées de race, de sélection et de hiérarchie naturelles : Paul Broca en France, Ernst Haeckel en Allemagne, Herbert Spencer et Francis Galton en Grande-Bretagne fondent toute leur science sociale sur la mesure des différences biophysiques. Anthropométrie et craniométrie fournissent les armes de cette anthropologie physique, prétexte à une hiérarchisation des cultures reposant en dernière instance sur le postulat raciste de la supériorité blanche. Mais ce sont des figures beaucoup plus obscures, et pour tout dire marginales, que l'on tient pour les véritables pères de la raciologie.

Dénuées de tout projet de restauration de la « race supérieure », les élucubrations pessimistes d'un Gobineau, dans son Essai sur l'inégalité des races humaines, paru de 1853 à 1855, sur la déchéance irréversible des « Arians » condamnés au métissage, n'en dressent pas moins la première histoire raciste de l'humanité construite autour du mythe aryen. Dans ses Lois psychologiques de l'évolution des peuples, paru en 1894, Gustave Le Bon propose quant à lui une hiérarchie psychologique des races et ironise sur « cette obscure petite tribu de Sémites » qui n'a jamais rien apporté à la civilisation. Enfin Georges Vacher de Lapouge (1854-1936) reprend le mythe aryen de Gobineau en l'appareillant de données anthropométriques qu'il combine à l'eugénisme de Galton pour en tirer un véritable programme politique dans L'Aryen, son rôle social (1899), où les Juifs sont présentés comme les seuls concurrents dangereux des Aryens. Cet antisémitisme raciste trouve d'ardents défenseurs en Allemagne et en Grande-Bretagne. En France, c'est Édouard Drumont qui réussit à donner à cette tendance de l'antisémitisme une large diffusion, lui adjoignant des références à Taine et à Renan. Maurice Barrès, à son tour, fonde sur elle son antisémitisme. Ses prétentions scientifiques sont par contre rapidement anéanties par la critique des sociologues durkheimiens, qui sont aussi dreyfusards.

L'ouvrage du journaliste Édouard Drumont, La France juive, cristallisant toutes les tendances de l'antisémitisme, paraît en 1886, entre le krach et le scandale de Panamá, en deux volumes totalisant 1 200 pages. C'est un formidable succès éditorial. En deux mois, plus de 70 000 exemplaires sont vendus et plus de 100 000 avant la fin de l'année.

[...]

En Allemagne, avec l'appui de Bismarck qui vient d'interdire le parti socialiste des travailleurs (le futur S.P.D.), Adolf Stöcker, pasteur à la cour de Guillaume Ier, fonde en 1878 le parti ouvrier chrétien-social sur la base d'un programme dénonçant la domination des juifs sur la presse et la finance. Les pangermanistes allemands tiennent des discours similaires. À l'instar de l'organisation de Wilhelm Marr, les ligues antisémites se multiplient. En 1893, seize députés appartenant à l'Antisemitische Volkspartei fondé par Otto Böckel sont élus au Reichstag. L'exclusion des juifs de la fonction publique et de l'enseignement, voire l'abolition pure et simple des lois d'émancipation est réclamée par tous ces mouvements.


[...]


À partir de 1919, la mise en circulation, à l'Ouest, des Protocoles des Sages de Sion, d'abord sous forme manuscrite, va devenir une arme clé de la propagande antisémite. La première édition allemande paraît en 1920. Le livre connaît un succès rapide. Il fut réédité deux fois au cours du mois qui suivit la publication, cinq fois avant la fin de 1920. 120 000 exemplaires en furent écoulés en moins d'un an. Le livre a certainement beaucoup contribué à la propagation de la folie nazie sous le régime démocratique et libéral de la République de Weimar. La première édition anglaise, anonyme, parut sous le titre de Péril juif, en janvier ou février 1920. Le 8 mai 1920, le Times de Londres lui consacrait un long article. Son exploitation à grande échelle ne venait que de commencer. Il s'agit en fait d'un faux fabriqué au début du xxe siècle par la police tsariste pour fournir la preuve parfaite du complot juif pour dominer le monde. Toute une littérature se développe autour de ce faux à partir des années 1930, qui sont aussi celles de la faillite de l'ordre international pacifique incarné par la S.D.N.

[...]

Le pape Jean XXIII lance le processus de révision de l'enseignement chrétien sur les juifs le Vendredi saint de 1959, pendant la cérémonie solennelle, en demandant l'abandon, dans la célèbre prière pour les juifs, de la mention de la « perfidie judaïque » et des « juifs perfides ». Le 25 octobre 1965, on aboutit à la promulgation officielle d'un texte, la déclaration Nostra Aetate no 4, qui affirme le lien spirituel entre l'Église catholique et Israël et reconnaît « le grand patrimoine spirituel commun aux chrétiens et aux juifs », sans pour autant totalement supprimer la notion de déicide. Pour le vingtième anniversaire de la promulgation de Nostra Aetate, la Commission du Saint-Siège pour les relations avec le judaïsme fait paraître Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l'Église catholique. Enfin, Jean-Paul II publie, en décembre 1992, le nouveau Catéchisme universel de l'Église catholique qui adopte un ton nuancé et bienveillant sur les juifs.


[...]
Depuis la chute du communisme, les actes d'inspiration antisémite commis aujourd'hui à l'Est ne sont plus guère différents dans leur forme de ceux qu'on rencontre régulièrement en Europe occidentale et aux États-Unis : graffitis, paroles non contrôlées, utilisation de stéréotypes, profanations de tombes juives, vandalisme sur des monuments ou des biens juifs, hooliganisme.
[...]

L'antijudaïsme auquel elle doit faire face confond Israël en tant qu'État et les juifs pris globalement.
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MessageSujet: ARTICLE SEMITES   Antisémitisme (8861) EmptySam 3 Jan 2015 - 11:14

Et maintenant l'article "sémites" toujours de l'encyclopédie. En bleu, des parties que j'ai repéré comme intéressante


L'adjectif « sémitique » a été forgé par l'orientaliste allemand A. L. Schlözel dans le tome VIII (1781) du Repertorium für biblische und morgenländische Literatur de J. G. Eichhorn, pour désigner des langues dont la parenté était perçue dès le Moyen Âge par les docteurs juifs : l'hébreu, l'araméen et l'arabe. L'appellation était choisie par référence au « tableau des peuples » de la Genèse (x) où Sem, fils de Noé, est donné comme le père d'Abram et l'ascendant d'Eber, éponyme des Hébreux, ainsi que de Yoqtan, ancêtre de diverses populations d'Arabie.
[...]
Les seules traces certaines des plus anciens Sémites sont des documents rédigés en un idiome sémitique ou des noms propres explicables par cette langue.
[...]
C'est un grave abus que de tenir pour des traits « sémitiques » ce que quelques-unes des civilisations considérées ont produit de plus frappant et de plus spécifique, et aussi certaines déficiences qu'on croit y remarquer. C'est surtout en combinant divers aspects du prophétisme israélite et de l'islam que Renan a tracé un portrait générique du Sémite, qu'il entendait opposer à l'Aryen : le Sémite possède un sens invétéré de la majesté et de l'unicité de Dieu, il est animé par un besoin intransigeant de justice, mais il pèche par fanatisme, par pauvreté d'imagination, par incapacité esthétique et politique, par son mépris de la « science positive » ; la civilisation occidentale doit aux Aryens les plus belles de ses vertus, et Renan ne doute pas qu'elle ne devienne de moins en moins déterminée par les influences sémitiques qu'elle a reçues du christianisme. Si Renan n'a pas versé dans l'« antisémitisme » vulgaire, c'est que, pour lui, les anciens Sémites ont pour seuls représentants modernes les Arabes musulmans. Plus près de nous, et avec plus de prudence, G. Levi della Vida a tenté de dégager quelques aspects constants de la mentalité et de l'activité des Sémites. Il reprend certains arguments de Renan, comme celui de l'incapacité mythopoïétique des Sémites, argument que les découvertes d'Ougarit sont venues depuis infirmer. Il aboutit surtout à dresser un tableau de détails contradictoires : à l'exaltation religieuse des prophètes et des ascètes s'opposent l'esprit d'initiative et le savoir-faire des marchands (mais peut-on traiter sous un même titre des trafiquants assyriens d'Anatolie, des colons phéniciens, des marchands juifs ou yéménites ?), au prophétisme s'oppose le légalisme, au misonéisme le progressisme. Il est évident qu'on ne saurait invoquer comme ethniques, sinon comme raciaux, des aspects aussi divers de civilisations diverses et qui correspondent à des situations particulières imposées aux Sémites par les contingences de l'histoire.
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MessageSujet: article de Taguieff   Antisémitisme (8861) EmptySam 3 Jan 2015 - 11:46

Extraits d'un article de Pierre-André Taguieff.

L’invention racialiste du Juif

Dans les vingt dernières années du 19e siècle s’est constituée, en France, une conception antijuive du monde fondée, d’une part, sur l’idée raciste par excellence selon laquelle les Juifs sont à jamais inassimilables, en raison de leurs caractéristiques biologiques (ou « raciales ») et psycho-culturelles et, d’autre part, sur le thème d’accusation conspirationniste, les Juifs étant accusés de vouloir dominer le monde, à travers manipulations de l’opinion, complots et bouleversements révolutionnaires, sur fond de domination financière plus ou moins occulte. Un irréductible étranger et un incorrigible conquérant, un envahisseur dangereux : tel est le mythe répulsif du Juif dont le discours du nouveau nationalisme paradoxal, conservateur-traditionaliste et révolutionnaire-populiste, va s’emparer au cours de l’affaire Dreyfus.
[...]
C’est donc seulement à la toute fin du 19e siècle qu’une nouvelle doctrine politique s’installe dans le paysage idéologique, certes sous le nom de « nationalisme », mais dissimulant derrière cette désignation vague une étrange tentative de synthèse entre une vision traditionaliste de l’ordre social, une version scientiste de la « théorie des races » et une conception conspirationniste de l’ennemi (Juifs, francs-maçons, etc.), dont dérive l’appel xénophobe à défendre par tous les moyens la nation française menacée, la « vieille France » (Drumont), la « France des Français » (Soury). Telle est la figure naissante du national-racisme à la française, celle d’un racisme aryaniste intégré dans le nationalisme

[...]

Dès La France juive, É. Drumont se révèle conscient de la nature composite de ce que l’on commence seulement alors à nommer l’antisémitisme, dont il affirme clairement qu’il est à la fois une question de race et une question économique. Voilà qui constitue un fil directeur pour une définition stricte de l’antisémitisme, tel qu’il se constitue dans les deux dernières décennies du 19e siècle, en interaction avec le nationalisme xénophobe à base racialiste – disons le nationalisme ethnique. C’est seulement pour désigner cette « synthèse » idéologique du racisme biologique et de la vision du complot juif contre la « vieille France » que l’on peut, au sens strict, employer le mot « antisémitisme ». Dans cette perspective et sous ces conditions, l’« antisémitisme » désigne le racisme visant spécifiquement les Juifs, comme peuple, nation, race ou, plus tard, ethnie [8] [Le terme « ethnie » est forgé en 1896 par Georges Vacher de Lapouge, pour désigner une entité intermédiaire entre la « race » (catégorie biologique) et la « nation » (catégorie historico-juridique)]. Mais il les vise sur un mode négatif et démonisant comme constituant un antipeuple, une nation étrangère à toutes les nations, une race ennemie de toutes les autres races, pseudo-race dotée du statut de contre-race, ethnie dangereuse pour toute autre ethnie.

Si donc la judéophobie moderne s’est intellectuellement habillée, dans le dernier tiers du 19e siècle (et surtout dans les deux dernières décennies), de représentations et de mots empruntés à la théorie savante des races, il ne faut pas en déduire que toutes les conceptions antijuives modernes sont à base de racisme biologique. Telle est pourtant l’erreur la plus commune sur la question antijuive. Aux côtés de l’écrivain et journaliste polémiste, Édouard Drumont, qui cherche dans l’idée de race le fondement scientifique de sa vision conspirationniste de l’histoire de la France moderne, un « savant » de l’époque, directeur d’études à l’École pratique des hautes études à la Sorbonne, Jules Soury, disciple de Renan, s’efforce, sur le tard, d’appliquer sa « science des races » à la question juive, pendant l’Affaire. Dans La France juive devant l’opinion, publiée quelques mois après La France juive, Drumont réaffirme que « l’antisémitisme n’est pas une question religieuse [et que] la question antisémitique a constamment été ce qu’elle est aujourd’hui, une question économique et une question de race ».

Les représentations xénophobes, fixées sur le Juif comme étranger et ennemi, sont refondues dans et par la nouvelle synthèse idéologico-politique : le Juif, c’est-à-dire le représentant le plus « dangereux » du « type » sémitique, devient étranger par nature raciale, son extranéité absolue est pensée comme un effet nécessaire de son appartenance de race, et s’il demeure l’ennemi absolu, il l’est désormais en raison d’une faculté toute négative qu’il tient de sa constitution héréditaire, la faculté de comploter en vue de dominer et d’exploiter. Si l’on peut considérer qu’à bien des égards le type négatif du « Sémite juif » (comme dit Drumont) fonctionnait, dans le dernier tiers du 19e siècle en Europe, comme un préconstruit culturel (donc comme une représentation disponible), sa racialisation (forme de biologisation) et sa démonisation (effet de sa définition dans l’imaginaire du complot) ont opéré une naturalisation « scientifique » du mal qu’il était censé incarner. L’essentialisation biologisante du Juif apparaît donc comme une nouvelle élaboration de la xénophobie ciblée visant les Juifs. Son principal effet pratique revient à réduire l’éventail des « solutions » possibles de la « question juive » : elle permet notamment de récuser, au nom de la science, les voies de la ségrégation (le Juif étant par nature conquérant, il ne saurait respecter sa stricte condition ghettoïque) et de l’assimilation (le Juif étant par nature inassimilable), voire celle de la conversion (le Juif, par nature inconvertible, est toujours un faux converti).

[...]

L’hérédité ancestrale et, plus largement, l’hérédité raciale, tel est l’objet d’un nouveau culte, situé au centre du traditionalisme en cours de formation à la fin du 19e siècle, où le nationalisme croise la théorie des races.

[...] l’antisémitisme exprime « une lutte de races » entre « l’Aryen » et « le Sémite », dotés respectivement de natures psychophysiologiques irréductibles : « Ces deux grands groupes ethniques… réagissent tout autrement dans les mêmes circonstances, parce que leur nature est hétérogène ». L’antisémitisme devient dès lors légitime comme réaction naturelle d’autodéfense des « Aryens » contre leurs principaux ennemis de race, les Juifs. Le fait de la race s’érige en fatalité de race, qui fournit une clef de l’histoire, où la lutte pour l’existence est réinterprétée comme lutte des races pour la survie et la prééminence : « La considération de la race demeure capitale dans l’histoire du monde. Dans le passé comme dans le présent, elle reste l’explication dernière de la nature des actions et des réactions de l’individu dans la lutte pour l’existence ».

[...]

Dans La France juive, qu’on peut considérer comme le premier manifeste, en langue française, de l’antisémitisme politique moderne au sens strict – précédant d’une année le Catéchisme antisémite de Theodor Fritsch–, Drumont présente et stigmatise « le Juif » comme le véritable héritier, bénéficiaire et profiteur à la fois, de la Révolution française. Le Jacobin ayant accompli sa double tâche historique, destruction de « l’ancienne société » et conquête du pouvoir politique, c’est au Juif que revient, selon Drumont, la vraie puissance dans une société dominée par l’argent : la puissance financière.

[...]

Afin d’établir scientifiquement la thèse de la permanence des « espèces humaines » ou la persistance substantielle du type racial inscrit dans le matériel héréditaire, Soury décrit les conditions et les résultats d’une expérience imaginaire d’adoption inter-raciale, sous la supposition que « le produit de l’œuf fécondé d’un Aryen ou d’un Sémite devra reproduire les caractères biologiques de la race ou de l’espèce, corps et esprit, avec la même sûreté que l’embryon, le fœtus, le jeune et l’adulte de tout autre mammifère ». Que l’enfant adopté soit un Juif ou un Aryen, l’adoption ne produira pas une transsubstantiation, pas plus que la naturalisation d’un individu ne peut transformer sa nature : « Faites élever un Juif dans une famille aryenne dès sa naissance, donnez-lui une éducation et une instruction religieuses de catholique ou de réformé, conférez-lui tous les sacrements et tous les ordres de l’Église, créez-le évêque, cardinal, pape ; appelez-le Français, Allemand, Anglais ou Italien : ni la profession ou l’absence d’une religion ni la nationalité légale ni le langage n’auront modifié un atome des cellules germinales de ce Juif, par conséquent de la structure et de la texture héréditaires de ses tissus et de ses organes. De même, si un Sémite adopte un Aryen et fait pour celui-ci tout ce que l’Aryen a pu faire, dans notre hypothèse d’adoption, pour un Sémite, Juif ou Arabe ».

[...]

Après le régime de Vichy qui fut son ultime passage au politique, cette configuration idéologique, dans laquelle s’articulaient nationalisme xénophobe, racisme et judéophobie conspirationniste, a été marginalisée sans pour autant disparaître, tandis que ses éléments constitutifs se dissociaient. Les composantes nationaliste et raciste ont subi une transformation significative : elles se sont largement débiologisées en même temps qu’elles se « culturalisaient ». Le nationalisme ethnoracial s’est progressivement redéfini comme un nationalisme ethnoculturel. Simultanément, la judéophobie est sortie du champ du racisme biologique pour se recomposer autour de ce nouvel absolu qu’est la différence culturelle, sans cesser d’être structurée par la vision du complot. Mais, à la suite de la création de l’État d’Israël, l’accusation de complot juif (ou judéo-maçonnique) international s’est reformulée par celle de complot sioniste (ou américano-sioniste) mondial. Cette nouvelle judéophobie n’est plus directement liée à la spécificité nationaliste française, elle n’est plus, pour l’essentiel, portée par une doctrine ethnonationaliste à base racialiste. La nouvelle judéophobie constitue désormais un phénomène supranational et transnational. L’ultime métamorphose de ce qu’on appelle encore improprement « l’antisémitisme » est aussi un effet de la mondialisation. Le Juif comme « Sémite », « race étrangère » par excellence, après avoir été fantasmé en tant que « Juif international » ou « Juif éternel », prend de plus en plus exclusivement la figure du « sionisme mondial ». Telle est la nouvelle clé de l’histoire. Le diable s’est lui-même globalisé.
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MessageSujet: TENTATIVE DEUX    Antisémitisme (8861) EmptySam 3 Jan 2015 - 19:49

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J'ai essayé de simplifier. C'est pas encore totalement concluant. Si tu vois des pistes ...




La haine des Juifs : une idée mutante

Les Juifs aiment-ils l'argent, dominent-ils le monde ou sacrifient-ils les enfants ?

L'antisémitisme est la haine du Juif. Le juif comme construction c'est-à-dire un personnage à qui l'on attribue des tares, différentes selon les époques et les sociétés, on voit dans le Juif celui qui mange les enfants, qui garde l'argent et complotent contre le monde entier. Cette haine du Juif est tellement ancrée dans la société européenne, qu'on a du mal à s'en débarrasser. D'où vient-elle ?

Au départ l'antijudaïsme :

L'antijudaïsme est un rejet de la religion juive. Il a été formulé par les Chrétiens, puis par les musulmans. Les trois siècles qui suivent la naissance du christianisme sont des siècles de fermentation du rejet des Juifs. Tout en conservant un certain nombre de rites juifs, le christianisme se construit contre le judaïsme. Est notamment élaborée l'idée que le peuple juif est un « peuple déicide ». c'est-à-dire le peuple qui a tué le fils de Dieu, Jésus Christ. Cette notion de « peuple » est présente dans l’ancien testament et les Chrétiens voient dans les Juifs un « peuple-témoin » qui finira par adhérer au christianisme. Le rapport de force tourne en sa faveur quand il devient la religion de l'Empire romain en 403 ap. J.-C. C'est l’avènement des croisades qui va faire passer une étape. Le clergé catholique est alors de plus plus violent et sectaire. Des pogroms apparaissent, mais aussi des mesures discriminatoires (port de la rouelle (étoffe jaune pour les distinguer) sous Saint Louis en France, création de ghetto à Venise en 1516). Le clergé veut forcer les Juifs à la conversion.

Émancipation des Juifs et naissance de l'antisémitisme :

L'émancipation des Juifs durant la révolution française, c'est-à-dire le fait de les avoir considérés en tant que citoyens comme les autres, va constituer une étape importante pour la libération des Juifs, mais va aussi fonder le début d'une réflexion sur le rejet des Juifs non plus en tant que religion, mais en tant que « race ». Cette idée va se propager à travers l'Europe. C'est ce changement de perspective qui engendre l'antisémitisme, qui est le rejet des Juifs en tant que race. Le mot antisémitisme n'apparaît qu'en 1879 en Allemagne sous la plume de Wilhelm Marr. Si le mot est formé sur un rejet des « sémites », il s'agit dès le départ d'un terme qui vise uniquement les Juifs, et plus particulièrement les Juifs allemands. L'objectif de Wilhelm Marr est de formuler un rejet des juifs qui ne soit plus confessionnel (comme l'anti-judaïsme) mais repose sur le fait que le peuple juif est pensé comme race, c'est-à-dire comme constitué par des traits biologiques communs qui entraînent un comportement commun.
L'antisémitisme repose aussi clairement sur un rejet des « idées modernes » : idéaux révolutionnaires, développement de la technique, expansion du capitalisme. Le Juif est associé à chacun de ces « nouveautés » qui dérange la société. On trouve ainsi sous la plume de plusieurs Français, dont Edouard Drumont, de longues explications sur comment les Juifs dirigent le monde et sont responsables de la faillite de la société française. La figure du banquier Rothschild sert de support à ces théories.
L'antisémitisme est donc une actualisation de l'anti-judaïsme. De la haine d'une religion, nous sommes passé à la haine d'un « peuple racialisé ». Ce racisme se développe à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle. Il n'existe pas auparavant.

Quelles sont les formes modernes de l'antisémitisme ?

L'antisémitisme a évolué depuis le XIXe siècle. Mutation nouvelle due à la fois au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et à la nouvelle époque. Le juif apparaît encore comme celui qui a l'appât du gain, qui détient le monde. La politique israélienne permet aussi tous les délires, comme si la politique de cet État était lié au fait que la majeure partie de sa population se revendique juive. Penser qu'il y a un lien entre la judaïté des gens et ce qu'ils font c'est encore croire en des caractères génétiques ou culturelles qui prennent le contrôle de la personnalité. Qu'est-ce que ça donne si je dis que Sarkozy est de droite parce qu'il est catholique et polonais ou que Jacob Zuma est voleur parce qu'il est chrétien et Zoulou, que Vladimir Poutine est violent parce qu'il est russe et orthodoxe ?

CADRE :

Les sémites, qui sont-ils ? Les sémites n'existent pas. Ou n'existent plus. Des traces archéologiques attestent la présence d'un peuple qui se nommerait les sémites il y a plusieurs milliers d'années, mais ces Sémites ont disparu il y a plusieurs milliers d'années tout comme leur culture. La filiation éventuelle est impossible à remonter. Ce serait comme assurer que nous descendrions des Grecs, cela ne veut absolument rien dire. Il s'agit d'une création de racialistes européens qui cherchèrent à définir les Juifs ou les Arabes. Par contre, il existe des langues sémitiques dont l'hébreu fait parti, comme l'arabe, l’araméen, le babylonien, l’assyrien, le maltais ou l’éthiopien. C'est-à-dire des langues dont le berceau est la grande Mésopotamie.


ENCADRE - QU'EST-CE QU'UN JUIF ?

En France, dans les années 30, le terme de « juif » était profondément péjoratif. Il renvoyait à des immigrés de religion juive. Les personnes dont les parents avaient pratiqué la religion juive mais qui étaient de nationalité française depuis longtemps était elles dénommées « Israélites ».

Un « juif » est avant tout une personne qui pratique la religion juive. La religion juive est une très vieille religion qui date de plusieurs millénaires et qui a beaucoup évolué au fil des siècles.

D'autres se disent juifs par tradition familial. Ils se sentent inscrits dans une culture particulière sans pour autant se penser religieux ou fréquenter une quelconque « communauté juive ». Ils portent une histoire familiale.

ENCADRÉ : L'antisémitisme délirant « de gauche » :

Les Juifs c'est l'argent, donc le capitalisme. En tant qu'anticapitaliste, nous sommes contre les Juifs !! = Est-il besoin d'expliquer la bêtise de ce cliché contre les Juifs ? Rassurez-vous, les plus grands banquiers du Moyen – Age n'étaient pas juifs mais bien chrétiens (et selon la théorie du sociologue allemand Max Weber, protestants).



ENCADRE : Les Juifs et la théorie du complot 

« Les juifs dominent le monde et la finance », ils sont responsables de notre malheur à tou-te-s. Depuis le protocole de Sion, faux livre inventé par les services secrets russes de l'Empire en 1903, accuser les Juifs de dominer le capitalisme est une idée qui fait florès. Elle repose sur une simplification du monde économique et sociale. Si je ne comprends pas pourquoi les choses sont ainsi et pourquoi nous sommes dans une situation financière difficile, j'accuse quelqu'un et pour faire simple, j'accuse les Juifs. Voilà une bêtise qui arrange bien les détenteurs des capitaux internationaux.


ENCADRÉ : Les Juifs et Hitler 

Certains répètent à volonté qu'Hitler était juif. Cette assertion sert à dire que les Juifs sont responsables de leur propre malheur. Elle reprend par ailleurs l'idée nazie selon laquelle toute personne dont un ascendant fut juif porte en elle du sang juif. Adolf Hitler n'est pas juif – lui ne pratiquait pas cette religion et on ne lui connaît pas d'ascendant juif - mais si c'était le cas, est-ce que ça changerait quelque chose ?

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Minh




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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptyDim 4 Jan 2015 - 14:55

En première relecture de la première version, rien ne m'a choqué.

Je vais lire la suite...

J'ai lu de travers un texte de Jacques Généreux (le bien-nommé), qui reliait Capitalisme et Protestantisme... faut que je retrouve le passage.

Je lis les extraits encyclopédiques. Taguieff, c'est pas un type d'extrême-droite sioniste ?
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Radinouk

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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptyDim 4 Jan 2015 - 15:16

C'est un sioniste oui à ma connaissance, mais c'est un spécialiste du racisme et de l'antisémitisme. Il est repris par tous les spécialistes du racisme même pro-palestiniens comme Balibar. Je ne sais pas si c'est un type qui a vrillé ou qui déconnecte les deux questions comme ça arrive trop souvent.
C'est une question à se poser d'ailleurs, comment des gens vivent cette déconnexion entre des questions qui nous paraissent à nous liées de façon évidente. ça doit vouloir dire que c'est pas si évident.
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Minh




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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptyDim 4 Jan 2015 - 15:36

Oui, un sujet à faire.
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mo




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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptySam 17 Jan 2015 - 10:56

Je trouve cet article très efficace et point par point il clarifie un certain nombre d'idées tout en restant concis.
Pour moi la premiere version me convainc plus.
-L'idée de commencer par les juifs mangeurs d'enfant pour moi c'est moins parlant et historique que le premier jet qui entre très bien en matière. Je pense que ça me parle moins parce que ça caricatre un peu les antisémites come des gros débiles quand des Soral et compagnie sont (pas toujours mais parfois) plus fins et qu'il ne suffirait pas de se sortir de cette image pour e plus etre antisémite.
-Le passage sur le sémites n'existes pas est aussi pour moi dans la première version pus efficace et je le trouve très bien dailleurs. Ca regle ne deux phrase une grande polémique qui revient souvent sur le tapis.
-Dans le cadre qu'est-ce qu'un juif peut-etre que tu peux préciser dans l'idée que certain-e-es personnes se réclament plus d'une histoire familiale que d'une religion en pratique que le génocide entre autre a réappuié se principe au sens où beaucoup se sont réclamés du judaisme apres pour marquer leur histoire et non leur croyances. Le religion même a reconnu les descendant-e-s des survivants des camps comme juifs même s'il ne l'étaient pas traditionelement par leur mère etc. 
- sur le sionisme : La formule selon laquelle le projet socialiste ne se satisfait pas d'un projet nationaliste sur les travailleurs juifs et super, percutant et clair.
- Je trouve ton analyse très fine sur l'antisémitisme de l'extrême gauche et la lute contre le nationalisme. C'est très clair.
Il fallait un article comme celui là. Ca fait du bien à lire.

-Je me demande en dehors e ton article,  si ça ne vaut pas le coup d'avoir un encart sur l'islamophobie est un racisme (manière d'essentialiser une religion dans un peuple etc ) sur le même modèle et les arabes musulmans subissent aujourd'hui le même schéma d'oppression, avec les mêmes modalités ? Je sais pas peut-être que ca n'est pas opportun mais ça me semble intéressat à creuser en tous cas.
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Radinouk

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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptyVen 30 Jan 2015 - 15:31

p { margin-bottom: 0.25cm; line-height: 120%; }
VERSION FUSIONNÉE SUITE À VOS REMARQUES ET DISCUSSION A LA RÉUNION


L'antisémitisme est le rejet ou la haine des juifs. Cette haine n'en finit pas de rebondir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et le génocide des Juifs d'Europe qui se déroula entre 1941 et 1945. Si on peut difficilement taxer l’État français d'antisémitisme étatique, [L’État lui préfère aujourd'hui d'autres minorités], il existe une persistance des idées antisémites dans la société française, qui prend parfois corps dans des violences inhabituelles - L'attaque d'une épicerie cacher le vendredi 9 janvier en est le dernier exemple en date.
L'équation facile aurait voulu qu'après la mise à mort de près de 6millions de « Juifs » sur le territoire européen, l'antisémitisme disparaisse. Chacun-e se serait rendu compte que cette idée était profondément xénophobe et nocive pour l'humanité. L'équation est plus complexe et l'antisémitisme a muté. Sans doute était-il naïf de penser que, malgré le génocide, il était possible d'éliminer en si peu de temps un rejet qui date du début du Moyen – âge ? Ceux qui minimisent l'antisémitisme oublie ce facteur historique, on n'efface pas une haine si ancrée dans la société en un demi-siècle. Nous pouvons aussi rappeler qu'à la sortie de la guerre, dans tous les pays, l'antisémitisme a persisté. En Pologne, pays où étaient installées les chambres à gaz, des pogroms ont eu lieu contre les rares juifs qui restaient, accusés d'être responsables des années de guerre.
D'où vient l'antisémitisme ?

Au départ l'antijudaïsme :
L'antijudaïsme est un rejet de la religion juive. Il a été formulé par les Chrétiens, puis par les musulmans. Les trois siècles qui suivent la naissance du christianisme sont des siècles de fermentation du rejet des Juifs. Tout en conservant un certain nombre de rites juifs, le christianisme se construit contre le judaïsme. Est notamment élaborée l'idée que le peuple juif est un « peuple déicide ». c'est-à-dire le peuple qui a tué le fils de Dieu, Jésus Christ. Cette notion de « peuple » est présente dans l’ancien testament et les Chrétiens voient dans les Juifs un « peuple-témoin » qui finira par adhérer au christianisme. Le rapport de force tourne en sa faveur quand il devient la religion de l'Empire romain en 403 ap. J.-C. C'est l’avènement des croisades qui va faire passer une étape. Le clergé catholique est alors de plus plus violent et sectaire. Des pogroms apparaissent, mais aussi des mesures discriminatoires (port de la rouelle (étoffe jaune pour les distinguer) sous Saint Louis en France, création de ghetto à Venise en 1516). Le clergé veut forcer les Juifs à la conversion.

Émancipation des Juifs et naissance de l'antisémitisme

L'émancipation des Juifs durant la révolution française, c'est-à-dire le fait de les avoir considérés en tant que citoyens comme les autres, va constituer une étape importante pour la libération des Juifs, mais va aussi fonder le début d'une réflexion sur le rejet des Juifs non plus en tant que religion, mais en tant que « race ». Cette idée va se propager à travers l'Europe. C'est ce changement de perspective qui engendre l'antisémitisme, qui est le rejet des Juifs en tant que race. Le mot antisémitisme n'apparaît qu'en 1879 en Allemagne sous la plume de Wilhelm Marr. Si le mot est formé sur un rejet des « sémites », il s'agit dès le départ d'un terme qui vise uniquement les Juifs, et plus particulièrement les Juifs allemands. L'objectif de Wilhelm Marr est de formuler un rejet des juifs qui ne soit plus confessionnel (comme l'anti-judaïsme) mais repose sur le fait que le peuple juif est pensé comme race, c'est-à-dire comme constitué par des traits biologiques communs qui entraînent un comportement commun.
L'antisémitisme repose aussi clairement sur un rejet des « idées modernes » : idéaux révolutionnaires, développement de la technique, expansion du capitalisme. Le Juif est associé à chacun de ces « nouveautés » qui dérange la société. On trouve ainsi sous la plume de plusieurs Français, dont Edouard Drumont, de longues explications sur comment les Juifs dirigent le monde et sont responsables de la faillite de la société française. La figure du banquier Rothschild sert de support à ces théories.

L'antisémitisme est donc une actualisation de l'anti-judaïsme. De la haine d'une religion, nous sommes passé à la haine d'un « peuple racialisé ». Ce racisme se développe à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle. Il n'existe pas auparavant.

Quelles sont les formes modernes de l'antisémitisme ?

L'antisémitisme a évolué depuis le XIXe siècle. Mutation nouvelle due à la fois au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et à la nouvelle époque. Le juif apparaît encore comme celui qui a l'appât du gain, qui détient le monde. La politique israélienne permet aussi tous les délires, comme si la politique de cet État était lié au fait que la majeure partie de sa population se revendique juive. Penser qu'il y a un lien entre la judaïté des gens et ce qu'ils font c'est encore croire en des caractères génétiques ou culturelles qui prennent le contrôle de la personnalité. Qu'est-ce que ça donne si je dis que Sarkozy est de droite parce qu'il est catholique et polonais ou que Jacob Zuma est voleur parce qu'il est chrétien et Zoulou, que Vladimir Poutine est violent parce qu'il est russe et orthodoxe ?

CADRE :

Les sémites, qui sont-ils ? Les sémites n'existent pas. Ou n'existent plus. Des traces archéologiques attestent la présence d'un peuple qui se nommerait les sémites il y a plusieurs milliers d'années, mais ces Sémites ont disparu il y a aussi plusieurs milliers d'années tout comme leur culture. La filiation éventuelle est impossible à remonter. Ce serait comme assurer que nous descendrions des Grecs, cela ne veut absolument rien dire. Il s'agit d'une création de racialistes européens qui cherchèrent à définir les Juifs ou les Arabes. Par contre, il existe des langues sémitiques dont l'hébreu fait parti, comme l'arabe, l’araméen, le babylonien, l’assyrien, le maltais ou l’éthiopien. C'est-à-dire des langues dont le berceau est la grande Mésopotamie.

QU'EST-CE QU'UN JUIF ?


Un « juif » est avant tout une personne qui pratique la religion juive. La religion juive est une très vieille religion qui date de plusieurs millénaires et qui a beaucoup évolué au fil des siècles. D'autres se disent juifs par tradition familial. Ils se sentent inscrits dans une culture particulière sans pour autant se penser religieux ou fréquenter une quelconque « communauté juive ». Ils portent une histoire familiale. On connaît aussi souvent cette loi qui dit que la tradition juive attribue aussi la judaïté par la mère. Ce principe aurait été établi lorsque les Juifs ont reçu la Torah sur le mont Sinaï. Il faut cependant préciser que cela n'empêche en aucune mesure quiconque de se convertir. Par ailleurs, cette règle fait l'objet de débat vif au sein des mondes juifs et ce depuis très longtemps. Des nombreux courants libéraux l'ont d'ailleurs supprimés.
En France, dans les années 30, le terme de « juif » était profondément péjoratif. Il renvoyait à des immigrés de religion juive. Les personnes dont les parents avaient pratiqué la religion juive mais qui étaient de nationalité française depuis longtemps était elles dénommées « Israélites ».




Les Juifs et la théorie du complot 

« Les juifs dominent le monde et la finance », ils sont responsables de notre malheur à tou-te-s. Depuis le protocole de Sion, faux livre inventé par les services secrets russes de l'Empire en 1903, accuser les Juifs de dominer le capitalisme est une idée qui fait florès. Elle repose sur une simplification du monde économique et sociale. Si je ne comprends pas pourquoi les choses sont ainsi et pourquoi nous sommes dans une situation financière difficile, j'accuse quelqu'un et pour faire simple, j'accuse les Juifs. Voilà une bêtise qui arrange bien les détenteurs des capitaux internationaux.



ENCADRÉ : Les Juifs et Hitler 
Il parait qu'Hitler était juif ? Qu'est-ce qui se cache derrière une telle ineptie ? Cette assertion sert à dire que les Juifs sont en réalité responsable de leur propre malheur. Adolf Hitler ne correspond à aucune des défintions pouvant entrer dans la catégorie « Juif », mais si c'était le cas, est-ce que ça changerait quelque chose ?


LA DIFFICILE QUESTION DE L'ANTISIONISME ?

Aux éléments historiques propres à l'Europe s'est ajoutée depuis peu la question de la politique de l’État d’Israël. Cet État peut se voir comme la réalisation d'une utopie politique qui s'appelle le sionisme. Le sionisme est né dans les groupes juifs en Europe, victimes de pogrom ou de montée paranoïaque comme l'histoire de l'Affaire Dreyfus en France. Cette utopie reposait sur la création d'un État indépendant (des Empires) sur le territoire mythique d'Israël. Le projet sioniste est inventée au moment des vagues de nationalismes du XIXe siècle, à une période de l'histoire où la nation est pensée comme un progrès politique et social. Le sionisme ne fut pas défendu par la majorité des Juifs qui vivaient en Europe. Il était notamment refusé par le BUND, qui était un parti des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie dans la Russie tsariste puis en URSS. Leur projet socialiste ne se satisfaisait pas d'un projet nationaliste.

C'est sur les décombres européennes de le Seconde Guerre mondiale et dans des conditions nécessairement nouvelles que se fonde l’État d'Israël en 1948. Un « foyer national juif » avait été antérieur à la guerre, la possibilité d'un État devient possible après 1945. Le partage de la région se fait avec les puissances sur le départ et grâce à la très jeune ONU. Très vite la guerre éclate entre les israéliens et leurs voisins, tous qualifiés de pays arabes. Le conflit israélo-arabe, qui deviendra israélo-palestinien est né.
Il existe aujourd'hui plusieurs antisionismes. Le premier d'entre eux se fonde sur le prolongement du projet politique du BUND, mais le mouvement ayant disparu durant le génocide, il en reste peu. Un mouvement religieux s'oppose au sionisme sur les principes que Israël, la mythique, a été détruite et qu'il n'y a aucun sens à la refonder fictivement. Il existe enfin un antisionisme propre à l'opposition à Israël, avec des branches différentes.
En voici deux « de gauche » :
Il peut passer par une critique du colonialisme. Israël est un État colonial qui oppresse les Palestiniens et leur refusent un État. Si la critique de base est fondée, l'argumentaire flanche dans la mesure où Israël n'est pas le seul État issu d'une révolution nationale a avoir mal tourné. A ce titre, la critique d’Israël n'est pas différente de la critique du nationalisme en général, ce qu'on a tendance à omettre.
Il peut passer par la critique du caractère Juif de l’État d’Israël. Ici c'est à nouveau à double tranchant. Le caractère « juif » peut être entendu comme un nationalisme comme un autre, auquel cas Juif n'a pas d'importance en réalité ou alors c'est bien le Juif, comme caricature du monstre qui est montré du doigt et là c'est de l'antisémitisme.
Il semble ici que plutôt que de parler d'antisionisme, s'opposer à la politique de l’État d’Israël au même titre que le fait que la politique de n'importe quel État national permettrait d'avoir un discours clair et dénué d'antisémitisme.
Certains avancent l'argument que le gouvernement israélien utilise lui-même le terme de Juif. Il a notamment appelé récemment les « Juifs de France » à faire leur Alya. IL instaure ainsi une confusion en unifiant les points politiques des juifs. Nous sommes ici confrontés à un problème de mélange entre le politique et le religieux ou le culturel. A nous dès lors d'être attentif-ve à ne pas effectuer ce même mélange. De nombreuses personnalités (pamri les plus célèbre dont vous trouverez facilement les textes : Shlomo Sand, Michel Warshawski ou Daniel Bensaïd) ou associations juives (comme l'Union juive pour la paix) s'opposent à la politique de cet Etat. Nous devons être attentif-ve à ce que le mouvement pro-palestinien ne fasse pas de caricature en flirtant avec l'antisémitisme en remplaçant par exemple le terme d' « Israélien » par celui de « Juif » : « Des Israéliens tuent des Palestiniens » est une phrase juste, alors que « des Juifs tuent des Palestiniens » est une phrase antisémite.


ENCADRÉ : L'antisémitisme délirant « de gauche » :

Les Juifs c'est l'argent, donc le capitalisme. En tant qu'anticapitaliste, nous sommes contre les Juifs !! = Est-il besoin d'expliquer la bêtise de ce cliché contre les Juifs ? Rassurez-vous, les plus grands banquiers du Moyen – Age n'étaient pas juifs mais bien chrétiens (et selon la théorie du sociologue allemand Max Weber, protestants).

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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptyJeu 5 Fév 2015 - 10:11

Cette version fonctionne elle est claire. Mais il ya beaucoup de notions abordées.

Du coup un point de questionnement à la lecture de ton article : l'utilisation du terme antisémite est-elle du coup appropriée ?



Il est top le paragraphe en gras sur Quelles sont les formes modernes de l'antisémitisme ? 

Je me réveille très tard, donc hors du cadre de l'article, j'aimerais discuter de cette distinction religieux, politique. Sur le fond je suis d'accord complétement, avec la critique d'un nationalisme colonisateur qui doit évincer la question religieuse.
 Pourtant je crois que depuis les années 2000, le conflit israelo-palestinien est devenu un conflit politique mais aussi religieux. La prise de pouvoir du Hamas (et je n'ai aucune espèce de compassion pour eux) à dirigé le conflit sur une pente religieuse. Faut-il l'ignorer ?
Par ailleurs, la politique sécuritaire d'israël s'appuie sur le fait religieux et l'extrème droite israelienne (entre- autre), très proche du pouvoir en place favorise et incite à un fondamentalisme religieux qui j'ai l'impression déplace certaine questions.
Mais peut-être que je me plante


Orthographe/syntaxe

3ème paragraphe, 5ème ligne : "Le Juif est associé à chacun " manque un "e"

paragraphe "Qu'est ce qu'un un juif",
- 1ère et 2ème ligne : "tradition familial" manque un e
- 2ème, 3ème ligne : " On connaît aussi souvent cette loi qui dit que la tradition juive attribue aussi la judaïté par la mère" enlever un aussi"

paragraphe "les juifs et la théorie du complot"
- 2ème ligne : " simplification du monde économique et sociale"  un "e" en trop à social

A propos de Tagguieff
Voici un extrait de sa bio sur wikipédia :

Son parcours va de « l’anarcho-situationnisme1 au chevènementisme patriote de la Fondation du 2-Mars2 ». Se réclamant un temps des idées de la gauche républicaine, décrit également comme un « libéral social conservateur3 », et comme un néoconservateur4, ses prises de position et ses travaux (notamment sur la « Nouvelle Droite » et la « nouvelle judéophobie ») ont fait l’objet de controverses médiatisées. Taguieff se présente lui-même comme engagé dans la lutte « contre tous les racismes5 ». Membre du cercle de réflexion néoconservateur le Cercle de l'Oratoire, il fait également partie du comité de rédaction de la revue de ce cercle, Le Meilleur des mondes, ainsi que de celui de la revue Des Lois et des Hommes.
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Radinouk

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MessageSujet: Re: Antisémitisme (8861)   Antisémitisme (8861) EmptyVen 13 Fév 2015 - 16:07

VERSION AVEC LES CORRECTIONS DE JEAN AMOS. Par contre, pour ta remarque sur le conflit en Palestine, je pense qu'un article serait intéressant. soit directement sur ce conflit, soit autour d'un questionnement sur le retour du religieux dans les conflits, ou le religieux dans les conflits armés. je ne sais pas s'il y a un retour ou pas en fait. Y a peut-être quelqu'un à interviewé sur ça qui pourrait nous éclairer ?



L'antisémitisme est le rejet ou la haine des juifs. Cette haine n'en finit pas de rebondir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et le génocide des Juifs d'Europe qui se déroula entre 1941 et 1945. Si on peut difficilement taxer l’État français d'antisémitisme étatique, [L’État lui préfère aujourd'hui d'autres minorités], il existe une persistance des idées antisémites dans la société française, qui prend parfois corps dans des violences inhabituelles - L'attaque d'une épicerie cacher le vendredi 9 janvier en est le dernier exemple en date.
L'équation facile aurait voulu qu'après la mise à mort de près de 6millions de « Juifs » sur le territoire européen, l'antisémitisme disparaisse. Chacun-e se serait rendu compte que cette idée était profondément xénophobe et nocive pour l'humanité. L'équation est plus complexe et l'antisémitisme a muté. Sans doute était-il naïf de penser que, malgré le génocide, il était possible d'éliminer en si peu de temps un rejet qui date du début du Moyen – âge ? Ceux qui minimisent l'antisémitisme oublie ce facteur historique, on n'efface pas une haine si ancrée dans la société en un demi-siècle. Nous pouvons aussi rappeler qu'à la sortie de la guerre, dans tous les pays, l'antisémitisme a persisté. En Pologne, pays où étaient installées les chambres à gaz, des pogroms ont eu lieu contre les rares juifs qui restaient, accusés d'être responsables des années de guerre.
D'où vient l'antisémitisme ?
Au départ l'antijudaïsme :

L'antijudaïsme est un rejet de la religion juive. Il a été formulé par les Chrétiens, puis par les musulmans. Les trois siècles qui suivent la naissance du christianisme sont des siècles de fermentation du rejet des Juifs. Tout en conservant un certain nombre de rites juifs, le christianisme se construit contre le judaïsme. Est notamment élaborée l'idée que le peuple juif est un « peuple déicide ». c'est-à-dire le peuple qui a tué le fils de Dieu, Jésus Christ. Cette notion de « peuple » est présente dans l’ancien testament et les Chrétiens voient dans les Juifs un « peuple-témoin » qui finira par adhérer au christianisme. Le rapport de force tourne en sa faveur quand il devient la religion de l'Empire romain en 403 ap. J.-C. C'est l’avènement des croisades qui va faire passer une étape. Le clergé catholique est alors de plus plus violent et sectaire. Des pogroms apparaissent, mais aussi des mesures discriminatoires (port de la rouelle (étoffe jaune pour les distinguer) sous Saint Louis en France, création de ghetto à Venise en 1516). Le clergé veut forcer les Juifs à la conversion.
Émancipation des Juifs et naissance de l'antisémitisme
L'émancipation des Juifs durant la révolution française, c'est-à-dire le fait de les avoir considérés en tant que citoyens comme les autres, va constituer une étape importante pour la libération des Juifs, mais va aussi fonder le début d'une réflexion sur le rejet des Juifs non plus en tant que religion, mais en tant que « race ». Cette idée va se propager à travers l'Europe. C'est ce changement de perspective qui engendre l'antisémitisme, qui est le rejet des Juifs en tant que race. Le mot antisémitisme n'apparaît qu'en 1879 en Allemagne sous la plume de Wilhelm Marr. Si le mot est formé sur un rejet des « sémites », il s'agit dès le départ d'un terme qui vise uniquement les Juifs, et plus particulièrement les Juifs allemands. L'objectif de Wilhelm Marr est de formuler un rejet des juifs qui ne soit plus confessionnel (comme l'anti-judaïsme) mais repose sur le fait que le peuple juif est pensé comme race, c'est-à-dire comme constitué par des traits biologiques communs qui entraînent un comportement commun.
L'antisémitisme repose aussi clairement sur un rejet des « idées modernes » : idéaux révolutionnaires, développement de la technique, expansion du capitalisme. Le Juif est associé à chacune de ces « nouveautés » qui dérange la société. On trouve ainsi sous la plume de plusieurs Français, dont Edouard Drumont, de longues explications sur comment les Juifs dirigent le monde et sont responsables de la faillite de la société française. La figure du banquier Rothschild sert de support à ces théories.
L'antisémitisme est donc une actualisation de l'anti-judaïsme. De la haine d'une religion, nous sommes passé à la haine d'un « peuple racialisé ». Ce racisme se développe à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle. Il n'existe pas auparavant.
Quelles sont les formes modernes de l'antisémitisme ?
L'antisémitisme a évolué depuis le XIXe siècle. Mutation nouvelle due à la fois au traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et à la nouvelle époque. Le juif apparaît encore comme celui qui a l'appât du gain, qui détient le monde. La politique israélienne permet aussi tous les délires, comme si la politique de cet État était lié au fait que la majeure partie de sa population se revendique juive. Penser qu'il y a un lien entre la judaïté des gens et ce qu'ils font c'est encore croire en des caractères génétiques ou culturelles qui prennent le contrôle de la personnalité. Qu'est-ce que ça donne si je dis que Sarkozy est de droite parce qu'il est catholique et polonais ou que Jacob Zuma est voleur parce qu'il est chrétien et Zoulou, que Vladimir Poutine est violent parce qu'il est russe et orthodoxe ?
CADRE :
Les sémites, qui sont-ils ? Les sémites n'existent pas. Ou n'existent plus. Des traces archéologiques attestent la présence d'un peuple qui se nommerait les sémites il y a plusieurs milliers d'années, mais ces Sémites ont disparu il y a aussi plusieurs milliers d'années tout comme leur culture. La filiation éventuelle est impossible à remonter. Ce serait comme assurer que nous descendrions des Grecs, cela ne veut absolument rien dire. Il s'agit d'une création de racialistes européens qui cherchèrent à définir les Juifs ou les Arabes. Par contre, il existe des langues sémitiques dont l'hébreu fait parti, comme l'arabe, l’araméen, le babylonien, l’assyrien, le maltais ou l’éthiopien. C'est-à-dire des langues dont le berceau est la grande Mésopotamie.
QU'EST-CE QU'UN JUIF ?

Un « juif » est avant tout une personne qui pratique la religion juive. La religion juive est une très vieille religion qui date de plusieurs millénaires et qui a beaucoup évolué au fil des siècles. D'autres se disent juifs par tradition familiale. Ils se sentent inscrits dans une culture particulière sans pour autant se penser religieux ou fréquenter une quelconque « communauté juive ». Ils portent une histoire familiale. On connaît souvent cette loi qui dit que la tradition juive attribue la judaïté par la mère. Ce principe aurait été établi lorsque les Juifs ont reçu la Torah sur le mont Sinaï. Il faut cependant préciser que cela n'empêche en aucune mesure quiconque de se convertir. Par ailleurs, cette règle fait l'objet de débats vifs au sein des mondes juifs et ce depuis très longtemps. Des nombreux courants libéraux l'ont d'ailleurs supprimés.
En France, dans les années 30, le terme de « juif » était profondément péjoratif. Il renvoyait à des immigrés de religion juive. Les personnes dont les parents avaient pratiqué la religion juive mais qui étaient de nationalité française depuis longtemps était elles plutôt dénommées « Israélites ».



Les Juifs et la théorie du complot 
« Les juifs dominent le monde et la finance », ils sont responsables de notre malheur à tou-te-s. Depuis le protocole de Sion, faux livre inventé par les services secrets russes de l'Empire en 1903, accuser les Juifs de dominer le capitalisme est une idée qui fait florès. Elle repose sur une simplification du monde économique et social. Si je ne comprends pas pourquoi les choses sont ainsi et pourquoi nous sommes dans une situation financière difficile, j'accuse quelqu'un et pour faire simple, j'accuse les Juifs. Voilà une bêtise qui arrange bien les détenteurs des capitaux internationaux.


ENCADRÉ : Les Juifs et Hitler 
Il parait qu'Hitler était juif ? Qu'est-ce qui se cache derrière une telle ineptie ? Cette assertion sert à dire que les Juifs sont en réalité responsable de leur propre malheur. Adolf Hitler ne correspond à aucune des défintions pouvant entrer dans la catégorie « Juif », mais si c'était le cas, est-ce que ça changerait quelque chose ?

LA DIFFICILE QUESTION DE L'ANTISIONISME ?
Aux éléments historiques propres à l'Europe s'est ajoutée depuis peu la question de la politique de l’État d’Israël. Cet État peut se voir comme la réalisation d'une utopie politique qui s'appelle le sionisme. Le sionisme est né dans les groupes juifs en Europe, victimes de pogrom ou de montée paranoïaque comme l'histoire de l'Affaire Dreyfus en France. Cette utopie reposait sur la création d'un État indépendant (des Empires) sur le territoire mythique d'Israël. Le projet sioniste est inventée au moment des vagues de nationalismes du XIXe siècle, à une période de l'histoire où la nation est pensée comme un progrès politique et social. Le sionisme ne fut pas défendu par la majorité des Juifs qui vivaient en Europe. Il était notamment refusé par le BUND, qui était un parti des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie dans la Russie tsariste puis en URSS. Leur projet socialiste ne se satisfaisait pas d'un projet nationaliste.
C'est sur les décombres européennes de le Seconde Guerre mondiale et dans des conditions nécessairement nouvelles que se fonde l’État d'Israël en 1948. Un « foyer national juif » avait été antérieur à la guerre, la possibilité d'un État devient possible après 1945. Le partage de la région se fait avec les puissances sur le départ et grâce à la très jeune ONU. Très vite la guerre éclate entre les israéliens et leurs voisins, tous qualifiés de pays arabes. Le conflit israélo-arabe, qui deviendra israélo-palestinien est né.
Il existe aujourd'hui plusieurs antisionismes. Le premier d'entre eux se fonde sur le prolongement du projet politique du BUND, mais le mouvement ayant disparu durant le génocide, il en reste peu. Un mouvement religieux s'oppose au sionisme sur les principes que Israël, la mythique, a été détruite et qu'il n'y a aucun sens à la refonder fictivement. Il existe enfin un antisionisme propre à l'opposition à Israël, avec des branches différentes.
En voici deux « de gauche » :
Il peut passer par une critique du colonialisme. Israël est un État colonial qui oppresse les Palestiniens et leur refusent un État. Si la critique de base est fondée, l'argumentaire flanche dans la mesure où Israël n'est pas le seul État issu d'une révolution nationale a avoir mal tourné. A ce titre, la critique d’Israël n'est pas différente de la critique du nationalisme en général, ce qu'on a tendance à omettre.
Il peut passer par la critique du caractère Juif de l’État d’Israël. Ici c'est à nouveau à double tranchant. Le caractère « juif » peut être entendu comme un nationalisme comme un autre, auquel cas Juif n'a pas d'importance en réalité ou alors c'est bien le Juif, comme caricature du monstre qui est montré du doigt et là c'est de l'antisémitisme.
Il semble ici que plutôt que de parler d'antisionisme, s'opposer à la politique de l’État d’Israël au même titre que le fait que la politique de n'importe quel État national permettrait d'avoir un discours clair et dénué d'antisémitisme.
Certains avancent l'argument que le gouvernement israélien utilise lui-même le terme de Juif. Il a notamment appelé récemment les « Juifs de France » à faire leur Alya. IL instaure ainsi une confusion en unifiant les points politiques des juifs. Nous sommes ici confrontés à un problème de mélange entre le politique et le religieux ou le culturel. A nous dès lors d'être attentif-ve à ne pas effectuer ce même mélange. De nombreuses personnalités (pamri les plus célèbre dont vous trouverez facilement les textes : Shlomo Sand, Michel Warshawski ou Daniel Bensaïd) ou associations juives (comme l'Union juive pour la paix) s'opposent à la politique de cet Etat. Nous devons être attentif-ve à ce que le mouvement pro-palestinien ne fasse pas de caricature en flirtant avec l'antisémitisme en remplaçant par exemple le terme d' « Israélien » par celui de « Juif » : « Des Israéliens tuent des Palestiniens » est une phrase juste, alors que « des Juifs tuent des Palestiniens » est une phrase antisémite.

ENCADRÉ : L'antisémitisme délirant « de gauche » :
Les Juifs c'est l'argent, donc le capitalisme. En tant qu'anticapitaliste, nous sommes contre les Juifs !! = Est-il besoin d'expliquer la bêtise de ce cliché contre les Juifs ? Rassurez-vous, les plus grands banquiers du Moyen – Age n'étaient pas juifs mais bien chrétiens (et selon la théorie du sociologue allemand Max Weber, protestants).
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