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 Version d'étape au 30 juin

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Radinouk

Radinouk


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MessageSujet: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyMar 30 Juin 2015 - 17:14

De l’État-nation au confédéralisme démocratique

Le dimanche 7 juin 2015 des centaines de personnes envahissaient la place de la République à Paris pour fêter les 13 %, soit les 82 député-e-s, du HDP, le parti démocratique des peuples à l'occasion des élections législatives en Turquie. Cette démonstration de joie ne fut rien à côté des réactions populaires en Turquie, et surtout au Kurdistan fief principal du HDP.
Il faut dire que les député-e-s HDP en entrant au parlement peuvent essayer de peser sur le pouvoir turc, que ce soit sur les atteintes aux droits humains, la démocratie, la situation d'embargo imposée au Rojava ou les pourparlers autour du processus de paix réellement en cours depuis quelques mois. Ils gagnent de fait en légitimité, même si le pouvoir turc n'a jamais hésité jusque là à envoyer en prison les jeunes émeutiers comme les députés. Mais cependant la gauche turque comme kurde ne s'en remet pas aux seul-e-s député-e-s. Souvent simplifié en partie kurde, qui est le HDP et que nous dit-il des mouvements sociaux au Kurdistan et en Turquie ?
La guerre pour l’État-Nation
Le HDP est bien plus qu'un parti « ethnique ». Il est à l'image du projet politique né dans le mouvement kurde, qui porte le nom de « confédéralisme démocratique ». Depuis la formation de la Turquie, les peuples kurdes (organisés en tribus dans les années 20) résistent à l'uniformisation imposée par l’État-Nation turc. En 1978, le parti des travailleurs du Kurdistan est fondé (le PéKéKé) avec pour objectif d'obtenir la création d'un État-nation kurde, l'un des seuls derniers peuples nombreux (ils étaient déjà 20 millions dans les années 20, probablement 50 millions aujourd’hui) à ne pas avoir d’État. La Turquie subit un coup d’État en réaction à la puissance montante des mouvements sociaux et notamment du PKK. En 1984, le PKK répond par la lutte armée. Une guerre commence alors au Kurdistan de Turquie dans laquelle l’État va vider des villages, tuer, violer, retourner une partie de la population kurde contres les autres kurdes…
Une stratégie d'occupation de tous les terrains
Dès le début des années 90, un mouvement social large apparaît au Kurdistan, organisé notamment par les femmes qui perdent mari ou fils. En 1993 avec le retour de l'ouverture démocratique en Turquie, les Kurdes s'engouffrent et crée un parti légal. Cette agencement entre le parti légal et les branches armées, un mouvement social fort et un parti légal ne va faire que se développer.

Le confédéralisme démocratique
A la fin des années 90, le PKK change de « paradigme » et décide de mettre en place une autonomie démocratique. Il ne revendique plus un État-nation pour les Kurdes, mais ce qu'il nomme un « confédéralisme démocratique » pour tous les peuples de la région. Il s'agit d'un projet horizontal reconnaissant toutes les cultures présentes dans l'ancienne Mésopotamie. En 2007, naît le DTK (congrès de la société démocratique) au Kurdistan du nord. « Nous voulons nous auto-gouverner en nous organisant dans les différentes parties de la population sous formes d'assemblée. » nous explique son co-président le 18 mars 2015, puis il précise :
Citation :
« La spécificité de ce système d'autonomie démocratique que nous voulons créer est que ces mécanismes d'assemblées permettent un auto-gouvernement. Dans le système dominant en Turquie, l'existence même des Kurdes est niée. L'enseignement en langue maternelle est interdit par les lois en vigueur. Nous avons comme objectif d'éliminer tous ces interdits. Nous voulons vivre de manière égale, juste et libres avec tous les peuples de Turquie. Nous considérons qu'une constitution démocratique qui s'appuie sur les droits humains universels est une condition indispensable pour que les Kurdes puissent accéder à leur droit. Le DTK se compose des différents partis politiques et organisations de la société civiles et de diverses personnes influentes (comme les chefs religieux). Il s'agit d'un chapeau dans lequel se regroupe diverses organisations. Toutes les décisions prises dans les assemblées générales s'appliquent aux organisations qui le composent. Les gouvernements locaux (municipalités) en sont membres. Le DTK s'est constitué de règles démocratiques. 501 délégués dont 301 délégués du peuple, qui ont été choisis dans des assemblées. Les 200 autres délégués sont des représentant-es de diverses institutions : membres de partis politiques, d'organisations de la société civile, chefs religieux progressistes, chefs de tribus. Ces deux cents délégués ont été choisis par des élections dans leurs institutions. Le DTK est dirigé par deux co-dirigeants (un homme et une femme) accompagné-es de 11 membres d'un comité de direction élu par l'AG. Tous les deux ans, le DTK se réunit en « congrès ». Ils se réunissent tous les trois mois en AG. »
En plus de son assemblée des 501, le DTK rassemble une kyrielle d'assemblée générale dans tout le Kurdistan, par rue, par quartier, et par thème aussi. Cette organisation est au cœur du nouveau paradigme. Elle a fait émule car est créé dans toute la Turquie, en octobre 2011, le congrès démocratique des peuples (HDK). Ce HDK regroupe de nombreux partis et organisations politiques, en plus de mouvement et associations. Il fonctionne aussi par conseil (Femme, Santé, Travail, Jeunesse, Écologie, Éducation) et commissions (LGTB-I).
Le HDP est issu du HDK, il est une coalition de partis politiques, qui a pour objectif d'aller aux élections. Ici aussi il faut remonter dans l'histoire du mouvement kurde.
Depuis le début des années 90, les Kurdes ont lancé une stratégie de conquêtes électorales à côté de la branche armée et, de fait, illégale. En occupant à la fois le terrain armé, le terrain électoral et le terrain révolutionnaire, les Kurdes se donnaient le plus de possibilités possibles pour gagner. Ainsi les élections et la prise du pouvoir ne constituent en aucun cas des objectifs en eux-mêmes. Ils font partie d'une stratégie de déstabilisation du pouvoir pour mieux investir la rue, les luttes sociales et créer là où c'est possible des espaces de liberté et de démocratie.

 Cette stratégie de déployer tous les moyens de lutte à disposition s'est donc étendu sur tout le pays et est désormais adoptée et mise en œuvre par une large partie de la gauche de Turquie.  
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Eleonor




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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyMer 1 Juil 2015 - 9:06

De l’État-nation au confédéralisme démocratique, l'exemple du Kurdistan.

Le dimanche 7 juin 2015 des centaines de personnes envahissaient la place de la République à Paris pour fêter les 13 %, soit les 82 député-e-s, du HDP, le parti démocratique des peuples à l'occasion des élections législatives en Turquie. Cette démonstration de joie ne fut rien à côté des réactions populaires en Turquie, et surtout dans le sud-est de la Turquie, la partie kurde du pays, dit le Kurdistan fief principal du HDP. (parce que je pense que qd on parle du Kurdistan, on ne parle pas que du Kurdistan de Turquie mais de l'ensemble des territoire où sont présents les kurdes, je pense qu'il est préférable de préciser juste au début de quelle territoire on parle)
Il faut dire que les député-e-s HDP en entrant au parlement peuvent essayer de peser sur le pouvoir turc, que ce soit sur les atteintes aux droits humains, la démocratie, la situation d'embargo imposée au Rojava ou les pourparlers autour du processus de paix réellement en cours depuis quelques mois. Ils gagnent de fait en légitimité, même si le pouvoir turc n'a jamais hésité jusque là à envoyer en prison les jeunes émeutiers comme les députés. Mais cependant la gauche turque comme kurde ne s'en remet pas aux seul-e-s député-e-s. Souvent simplifié en partie kurde, qui est le HDP et que nous dit-il des mouvements sociaux au Kurdistan et en Turquie ?
La guerre pour l’État-Nation
Le HDP est bien plus qu'un parti « ethnique ». Il est à l'image du projet politique né dans le mouvement kurde, qui porte le nom de « confédéralisme démocratique ». Depuis la formation de la Turquie, les peuples kurdes (organisés en tribus dans les années 20) résistent à l'uniformisation imposée par l’État-Nation turc. En 1978, le parti des travailleurs du Kurdistan est fondé (le PéKéKé) avec pour objectif d'obtenir la création d'un État-nation kurde, l'un des seuls derniers peuples nombreux (ils étaient déjà 20 millions dans les années 20, probablement 50 millions aujourd’hui) à ne pas avoir d’État. La Turquie subit un coup d’État en réaction à la puissance montante des mouvements sociaux et notamment du PKK. En 1984, le PKK répond par la lutte armée. Une guerre commence alors au Kurdistan de Turquie dans laquelle l’État va vider des villages, tuer, violer, retourner une partie de la population kurde contres les autres kurdes…
Une stratégie d'occupation de tous les terrains
Dès le début des années 90, un mouvement social large apparaît au Kurdistan, organisé notamment par les femmes qui perdent mari ou fils. En 1993 avec le retour de l'ouverture démocratique en Turquie, les Kurdes s'engouffrent et crée un parti légal. Cette agencement entre le parti légal et les branches armées, un mouvement social fort et un parti légal ne va faire que se développer.
Le confédéralisme démocratique
A la fin des années 90, le PKK change de « paradigme » et décide de mettre en place une autonomie démocratique. Il ne revendique plus un État-nation pour les Kurdes, mais ce qu'il nomme un « confédéralisme démocratique » pour tous les peuples de la région. Il s'agit d'un projet horizontal reconnaissant toutes les cultures présentes dans l'ancienne Mésopotamie. En 2007, naît le DTK (congrès de la société démocratique) au Kurdistan du nord. « Nous voulons nous auto-gouverner en nous organisant dans les différentes parties de la population sous formes d'assemblée. » nous explique son co-président le 18 mars 2015, puis il précise :
Citation :
« La spécificité de ce système d'autonomie démocratique que nous voulons créer est que ces mécanismes d'assemblées permettent un auto-gouvernement. Dans le système dominant en Turquie, l'existence même des Kurdes est niée. L'enseignement en langue maternelle est interdit par les lois en vigueur. Nous avons comme objectif d'éliminer tous ces interdits. Nous voulons vivre de manière égale, juste et libres avec tous les peuples de Turquie. Nous considérons qu'une constitution démocratique qui s'appuie sur les droits humains universels est une condition indispensable pour que les Kurdes puissent accéder à leur droit. Le DTK se compose des différents partis politiques et organisations de la société civiles et de diverses personnes influentes (comme les chefs religieux). Il s'agit d'un chapeau dans lequel se regroupe diverses organisations. Toutes les décisions prises dans les assemblées générales s'appliquent aux organisations qui le composent. Les gouvernements locaux (municipalités) en sont membres. Le DTK s'est constitué de règles démocratiques. 501 délégués dont 301 délégués du peuple, qui ont été choisis dans des assemblées. Les 200 autres délégués sont des représentant-es de diverses institutions : membres de partis politiques, d'organisations de la société civile, chefs religieux progressistes, chefs de tribus. Ces deux cents délégués ont été choisis par des élections dans leurs institutions. Le DTK est dirigé par deux co-dirigeants (un homme et une femme) accompagné-es de 11 membres d'un comité de direction élu par l'AG. Tous les deux ans, le DTK se réunit en « congrès ». Ils se réunissent tous les trois mois en AG. »
En plus de son assemblée des 501, le DTK rassemble une kyrielle d'assemblée générale dans tout le Kurdistan, par rue, par quartier, et par thème aussi. Cette organisation est au cœur du nouveau paradigme. Elle a fait émule car est créé dans toute la Turquie, en octobre 2011, le congrès démocratique des peuples (HDK). Ce HDK regroupe de nombreux partis et organisations politiques, en plus de mouvement et associations. Il fonctionne aussi par conseil (Femme, Santé, Travail, Jeunesse, Écologie, Éducation) et commissions (LGTB-I).
Le HDP est issu du HDK, il est une coalition de partis politiques, qui a pour objectif d'aller aux élections. Ici aussi il faut remonter dans l'histoire du mouvement kurde.
Depuis le début des années 90, les Kurdes ont lancé une stratégie de conquêtes électorales à côté de la branche armée et, de fait, illégale. En occupant à la fois le terrain armé, le terrain électoral et le terrain révolutionnaire, les Kurdes se donnaient le plus de possibilités possibles pour gagner. Ainsi les élections et la prise du pouvoir ne constituent en aucun cas des objectifs en eux-mêmes. Ils font partie d'une stratégie de déstabilisation du pouvoir pour mieux investir la rue, les luttes sociales et créer là où c'est possible des espaces de liberté et de démocratie.
 Cette stratégie de déployer tous les moyens de lutte à disposition s'est donc étendu sur tout le pays et est désormais adoptée et mise en œuvre par une large partie de la gauche de Turquie. 
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Minh




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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyDim 5 Juil 2015 - 23:03

Pour l'allusion au confédéralisme démocratique, si c'est une notion spécifique au Kurdistan, au lieu d'"exemple" on peut dire "à propos" ?

Ok a priori pour la deuxième remarque d'Éléonor sur le territoire désigné par le terme Kurdistan.

Les photos : https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authuser=0&authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE&feat=directlink

J'aime assez quand le mot "rue" surgit à la fin, ce qui nous ramène aux photos en France.
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Radinouk

Radinouk


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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptySam 11 Juil 2015 - 9:27

Cet article est la suite des réflexions lancées lors du dernier numéro à propos du Kurdistan. Plusieurs coopéradis s'y sont rendus en mars 2015. Elle constitue aussi le début d'une réflexion sur les stratégies de lutte dans le monde.


De l’État-nation au confédéralisme démocratique, à propos du Kurdistan
.

Le dimanche 7 juin 2015 des centaines de personnes envahissaient la place de la République à Paris pour fêter les 13 %, soit les 82 député-e-s, du HDP, le parti démocratique des peuples à l'occasion des élections législatives en Turquie. Cette démonstration de joie ne fut rien à côté des réactions populaires en Turquie, et surtout dans le sud-est de la Turquie, la partie kurde du pays, dit le Kurdistan fief principal du HDP.
Il faut dire que les député-e-s HDP en entrant au parlement peuvent essayer de peser sur le pouvoir turc, que ce soit sur les atteintes aux droits humains, la démocratie, la situation d'embargo imposée au Rojava ou les pourparlers autour du processus de paix entre le PKK et l'Etat turc réellement en cours depuis quelques mois. Ils gagnent de fait en légitimité, même si le pouvoir turc n'a jamais hésité jusque là à envoyer en prison les jeunes émeutiers comme les députés. Mais cependant la gauche turque comme kurde ne s'en remet pas aux seul-e-s député-e-s. Souvent simplifié en partie kurde, qui est le HDP et que nous dit-il des mouvements sociaux au Kurdistan et en Turquie ?

Le HDP est bien plus qu'un parti « ethnique ». Il regroupe à la fois des militant-e-s de gauche classique et des minorités opprimées qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits culturels (Arméniens, Syriaques, Femmes, LGBT-I...) qui défendent le projet politique né dans le mouvement kurde, qui porte le nom de « confédéralisme démocratique ». Si ce paradigme est né du mouvement kurde, il est pensé comme une solution pour le Moyen-Orient. Son élargissement à toute la Turquie, mais aussi à la Syrie, est le signe d'une pensée qui convainc et se présente comme la possibilité d'une victoire contre le capitalisme.

Retour sur cette évolution.
La guerre pour l’État-Nation

Depuis la formation de la Turquie, les peuples kurdes (organisés en tribus dans les années 20) résistent à l'uniformisation imposée par l’État-Nation turc. En 1978, le parti des travailleurs du Kurdistan est fondé (le PéKéKé) avec pour objectif d'obtenir la création d'un État-nation kurde, l'un des seuls derniers peuples nombreux (ils étaient déjà 20 millions dans les années 20, probablement 50 millions aujourd’hui) à ne pas avoir d’État. La Turquie subit un coup d’État en réaction à la puissance montante des mouvements sociaux et notamment du PKK. En 1984, le PKK répond par la lutte armée. Une guerre commence alors au Kurdistan de Turquie dans laquelle l’État va vider des villages, tuer, violer, retourner une partie de la population kurde contres les autres kurdes…

Le confédéralisme démocratique

A la fin des années 1990, le leader kurde A. Ocalan est emprisonné. Le parti est en pleine refonte et entre lectures, analyses de contexte, recherche de nouvelles stratégies, Ocalan et le PKK invente un nouveau « paradigme » : le confédéralisme démocratique, avec autonomie démocratique. Il ne revendique plus un État-nation pour les Kurdes, mais ce qu'il nomme un « confédéralisme démocratique ». Il s'agit d'un projet horizontal reconnaissant toutes les cultures présentes dans l'ancienne Mésopotamie. Trois niveaux s'y dessinent et s'imbriquent : la république démocratique, l'autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique. En 2007, naît le DTK (congrès de la société démocratique) au Kurdistan du nord. « Nous voulons nous auto-gouverner en nous organisant dans les différentes parties de la population sous formes d'assemblée. » nous explique son co-président le 18 mars 2015, puis il précise :
« La spécificité de ce système d'autonomie démocratique que nous voulons créer est que ces mécanismes d'assemblées permettent un auto-gouvernement. Nous voulons vivre de manière égale, juste et libres avec tous les peuples de Turquie. Nous considérons qu'une constitution démocratique qui s'appuie sur les droits humains universels est une condition indispensable pour que les Kurdes puissent accéder à leur droit. Le DTK se compose des différents partis politiques et organisations de la société civiles et de diverses personnes influentes (comme les chefs religieux). Il s'agit d'un chapeau dans lequel se regroupe diverses organisations. Toutes les décisions prises dans les assemblées générales s'appliquent aux organisations qui le composent. Les gouvernements locaux (municipalités) en sont membres. Le DTK s'est constitué de règles démocratiques. 501 délégués dont 301 délégués du peuple, qui ont été choisis dans des assemblées. Les 200 autres délégués sont des représentant-es de diverses institutions : membres de partis politiques, d'organisations de la société civile, chefs religieux progressistes, chefs de tribus. Ces deux cents délégués ont été choisis par des élections dans leurs institutions. Le DTK est dirigé par deux co-dirigeants (un homme et une femme) accompagné-es de 11 membres d'un comité de direction élu par l'AG. Tous les deux ans, le DTK se réunit en « congrès ». Ils se réunissent tous les trois mois en AG. »
En plus de son assemblée des 501, le DTK rassemble une kyrielle d'assemblée générale dans tout le Kurdistan, par rue, par quartier, et par thème aussi. Cette organisation est au cœur du nouveau paradigme. En octobre 2011, est créé dans toute la Turquie le congrès démocratique des peuples (HDK). Ce HDK regroupe de nombreux partis et organisations politiques, en plus de mouvement et associations. Il fonctionne aussi par conseil (Femme, Santé, Travail, Jeunesse, Écologie, Éducation) et commissions (LGTB-I).


Une stratégie d'occupation de tous les terrains

Le HDP est issu du HDK, il est une coalition de partis politiques, qui a pour objectif d'aller aux élections. Le duo HDP / HDK suit la stratégie que le mouvement kurde a mis vingt ans à développer. Au début des années 1990, un mouvement social large apparaît au Kurdistan, organisé notamment par les femmes qui perdent mari ou fils. En 1993 avec l'ouverture démocratique en Turquie, les Kurdes s'engouffrent et créent un parti légal (cf. numéro 3 pour les détails). Cet agencement entre le parti légal et les branches armées, un mouvement social fort et un parti légal constitue la marque de fabrique de ce qui se passe au Kurdistan et en Turquie. En occupant à la fois le terrain armé, le terrain électoral et le terrain insurrectionnel de la rue, les mouvement de gauche se donnent le plus de possibilités possibles pour gagner. Ainsi les élections et la prise du pouvoir ne constituent en aucun cas des objectifs en eux-mêmes. Ils font partie d'une stratégie de déstabilisation du pouvoir pour mieux investir la rue, les luttes sociales et créer là où c'est possible des espaces de liberté et de démocratie.


Les Kurdes font partis de ces rares mouvements qui aujourd'hui qui croient en leur victoire, et ne luttent pas pour de belles défaites. La déprime, l'angoisse et l'apitoiement ne font pas partis du panel militant. C'est une joie spinoziste qui les habite, c'est-à-dire une joie qui les poussent toujours plus loin. Les mouvements français feraient bien de cette ambiance pour retrouver le goût de la révolution, c'est-à-dire l'idée qu'il est possible de changer les choses concrètement et pas seulement en discours.
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Minh




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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyJeu 30 Juil 2015 - 13:21

Présélection perso de photos parmi les plus intéressantes (je ne veux rien imposer, j'aime aussi que vous choisissiez, l'album demeure complet). Ce qui m'a marqué, c'est la fête, le côté familial, le stationnement des voitures, et aussi le côté "culte de la personnalité" (on n'imagine pas défiler avec des portraits de Mélenchon ou Besancenot sur un drapeau. Exemple du problème de la traduction en France : http://www.lfks.net/sites/default/files/campcamp10.pdf ). J'aime bien la présence du ciel aussi, qui nous relie au cosmos, hein. Par ailleurs, je ne sais pas comment gérer l'anonymat (j'ai plutôt tendance à militer pour). Et il faudrait légender.

1) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947078050096354

2) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947076742863570

3) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947078210735714

4) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947075805908738

5) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947076471709250

6) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947076135980274

7) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947077877578898


Pour l'attentat de Suruç, si le texte est en encart :

1) https://picasaweb.google.com/102663407539908626991/2015060702?authkey=Gv1sRgCIXtiq7QvJCJmQE#6157947075579537394
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Minh




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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyJeu 30 Juil 2015 - 13:26

Les photos proposées par Éléonor. Je les mets car il nous reste à faire une formation forum... et Éléonor les expliquera.

Version d'étape au 30 juin  2014-010

Version d'étape au 30 juin  2014-011
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Minh




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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyVen 31 Juil 2015 - 9:06

Personnellement, je sais qu'il faut savoir "appauvrir nos images", mais je trouve les photos d'Éléonor ci-dessus pas très réussies. J'ai l'impression qu'on pourrait exactement faire les mêmes en France. Bien que je ne comprenne pas la langue.

Si le texte d'Anouk, parle de la victoire fêtée à République, on peut mettre les photos de République. Sinon, comment mettre des photos datées d'avant ce dont parle dans le texte, sans rentrer dans "l'illustration" pure et simple d'une idée plaquée ?

Je pense que de manière générale, il nous faut avec nos photos rechercher quelque chose dans nos images.
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Radinouk

Radinouk


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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyVen 31 Juil 2015 - 13:16

Je mettrais bien la photo de la gamine en position un peu Jeanne d'Arc, genre elle regarde au loin et elle est surelevée et une photo de là-bas. Du Newroz par exemple. Je pars à la recherche.
Sinon quelques modifications - corrections. 
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Cet article est la suite des réflexions lancées lors du dernier numéro à propos du Kurdistan. Plusieurs coopéradis s'y sont rendus en mars 2015. Elle constitue aussi le début d'une réflexion sur les stratégies de lutte dans le monde. 
De l’État-nation au confédéralisme démocratique, à propos du Kurdistan.

Le dimanche 7 juin 2015 des centaines de personnes envahissaient la place de la République à Paris pour fêter les 13 %, soit les 82 député-e-s, du HDP, le parti démocratique des peuples à l'occasion des élections législatives en Turquie. Cette démonstration de joie ne fut rien à côté des réactions populaires en Turquie, et surtout dans le sud-est de la Turquie, la partie kurde du pays, dit le Kurdistan, fief majeur du HDP.
Il faut dire que les député-e-s HDP en entrant au parlement peuvent essayer de peser sur le pouvoir turc, que ce soit sur les atteintes aux droits humains, la démocratie, la situation d'embargo imposée au Rojava ou les pourparlers autour du processus de paix entre le PKK et l'Etat turc réellement en cours depuis quelques mois. Ils gagnent de fait en légitimité, même si le pouvoir turc n'a jamais hésité jusque là à envoyer en prison les jeunes émeutiers comme les députés. Mais cependant la gauche turque comme kurde ne s'en remet pas aux seul-e-s député-e-s. Souvent simplifié en partie kurde, qui est le HDP et que nous dit-il des mouvements sociaux au Kurdistan et en Turquie ?

Le HDP est bien plus qu'un parti « ethnique ». Il regroupe à la fois des militant-e-s de gauche classique et des minorités opprimées qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits culturels (Arméniens, Syriaques, Femmes, LGBT-I...) qui défendent le projet politique né dans le mouvement kurde, qui porte le nom de « confédéralisme démocratique ». Si ce paradigme est né du mouvement kurde, il est pensé comme une solution pour le Moyen-Orient. Son élargissement à toute la Turquie, mais aussi à la Syrie, est le signe d'une pensée qui convainc et se présente comme la possibilité d'une victoire contre le capitalisme. 

Retour sur cette évolution. 
La guerre pour l’État-Nation
Depuis la formation de la Turquie, les peuples kurdes (organisés en tribus dans les années 20) résistent à l'uniformisation imposée par l’État-Nation turc. En 1978, le parti des travailleurs du Kurdistan est fondé (le PéKéKé) avec pour objectif d'obtenir la création d'un État-nation kurde, l'un des seuls derniers peuples nombreux (ils étaient déjà 20 millions dans les années 20, probablement 50 millions aujourd’hui) à ne pas avoir d’État. La Turquie subit un coup d’État en réaction à la puissance montante des mouvements sociaux et notamment du PKK. En 1984, le PKK répond par la lutte armée. Une guerre commence alors au Kurdistan de Turquie dans laquelle l’État va vider des villages, tuer, violer, retourner une partie de la population kurde contres les autres kurdes…

Le confédéralisme démocratique
A la fin des années 1990, le leader kurde A. Ocalan est emprisonné. Le parti est en pleine refonte et entre lectures, analyses de contexte, recherche de nouvelles stratégies, Ocalan et le PKK invente un nouveau « paradigme » : le confédéralisme démocratique, avec autonomie démocratique. Il ne revendique plus un État-nation pour les Kurdes, mais ce qu'il nomme un « confédéralisme démocratique ». Il s'agit d'un projet horizontal reconnaissant toutes les cultures présentes dans l'ancienne Mésopotamie. Trois niveaux s'y dessinent et s'imbriquent : la république démocratique, l'autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique. En 2007, naît le DTK (congrès de la société démocratique) au Kurdistan du nord. « Nous voulons nous auto-gouverner en nous organisant dans les différentes parties de la population sous formes d'assemblée. » nous explique son co-président le 18 mars 2015, puis il précise :
« La spécificité de ce système d'autonomie démocratique que nous voulons créer est que ces mécanismes d'assemblées permettent un auto-gouvernement. Nous voulons vivre de manière égale, juste et libres avec tous les peuples de Turquie. Nous considérons qu'une constitution démocratique qui s'appuie sur les droits humains universels est une condition indispensable pour que les Kurdes puissent accéder à leur droit. Le DTK se compose des différents partis politiques et organisations de la société civiles et de diverses personnes influentes (comme les chefs religieux). Il s'agit d'un chapeau dans lequel se regroupe diverses organisations. Toutes les décisions prises dans les assemblées générales s'appliquent aux organisations qui le composent. Les gouvernements locaux (municipalités) en sont membres. Le DTK s'est constitué de règles démocratiques. 501 délégués dont 301 délégués du peuple, qui ont été choisis dans des assemblées. Les 200 autres délégués sont des représentant-es de diverses institutions : membres de partis politiques, d'organisations de la société civile, chefs religieux progressistes, chefs de tribus. Ces deux cents délégués ont été choisis par des élections dans leurs institutions. Le DTK est dirigé par deux co-dirigeants (un homme et une femme) accompagné-es de 11 membres d'un comité de direction élu par l'AG. Tous les deux ans, le DTK se réunit en « congrès ». Ils se réunissent tous les trois mois en AG. »
En plus de son assemblée des 501, le DTK rassemble une kyrielle d'assemblée générale dans tout le Kurdistan, par rue, par quartier, et par thème aussi. Cette organisation est au cœur du nouveau paradigme. En octobre 2011, est créé dans toute la Turquie le congrès démocratique des peuples (HDK). Ce HDK regroupe de nombreux partis et organisations politiques, en plus de mouvement et associations. Il fonctionne aussi par conseil (Femme, Santé, Travail, Jeunesse, Écologie, Éducation) et commissions (LGTB-I).


Une stratégie d'occupation de tous les terrains
Le HDP est issu du HDK, il est une coalition de partis politiques, qui a pour objectif d'aller aux élections. Le duo HDP / HDK suit la stratégie que le mouvement kurde a mis vingt ans à développer. Au début des années 1990, un mouvement social large apparaît au Kurdistan, organisé notamment par les femmes qui perdent mari ou fils. En 1993 avec l'ouverture démocratique en Turquie, les Kurdes s'engouffrent et créent un parti légal (cf. numéro 3 pour les détails). Cet agencement entre le parti légal et les branches armées, un mouvement social fort et un parti légal constitue la marque de fabrique de ce qui se passe au Kurdistan et en Turquie. En occupant à la fois le terrain armé, le terrain électoral et le terrain insurrectionnel de la rue, les mouvement de gauche se donnent le plus de possibilités possibles pour gagner. Ainsi les élections et la prise du pouvoir ne constituent en aucun cas des objectifs en eux-mêmes. Ils font partie d'une stratégie de déstabilisation du pouvoir pour mieux investir la rue, les luttes sociales et créer là où c'est possible des espaces de liberté et de démocratie. 


Les Kurdes font partis de ces rares mouvements qui aujourd'hui qui croient en leur victoire, et ne luttent pas pour de belles défaites. La déprime, l'angoisse et l'apitoiement ne font pas partis du panel militant. C'est une joie spinoziste qui les habite, c'est-à-dire une joie qui les poussent toujours plus loin. Les mouvements français feraient bien de s'inspirer de cette ambiance pour retrouver le goût de la révolution, c'est-à-dire l'idée qu'il est possible de changer les choses concrètement et pas seulement en discours.
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Minh




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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptySam 1 Aoû 2015 - 19:45

Yes ok.
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sabrina radis

sabrina radis


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MessageSujet: Re: Version d'étape au 30 juin    Version d'étape au 30 juin  EmptyJeu 13 Aoû 2015 - 18:09

Radinouk a écrit:
Je mettrais bien la photo de la gamine en position un peu Jeanne d'Arc, genre elle regarde au loin et elle est surelevée et une photo de là-bas. Du Newroz par exemple. Je pars à la recherche.
Sinon quelques modifications - corrections. 
----------------------
Cet article est la suite des réflexions lancées lors du dernier numéro à propos du Kurdistan. Plusieurs coopéradis s'y sont rendus en mars 2015. Elle Il constitue aussi le début d'une réflexion sur les stratégies de lutte dans le monde. 
De l’État-nation au confédéralisme démocratique, à propos du Kurdistan.

Le dimanche 7 juin 2015 des centaines de personnes envahissaient la place de la République à Paris pour fêter les 13 %, soit les 82 député-e-s, du HDP, le parti démocratique des peuples à l'occasion des élections législatives en Turquie. Cette démonstration de joie ne fut rien à côté des réactions populaires en Turquie, et surtout dans le sud-est de la Turquie, la partie kurde du pays, dit le Kurdistan, fief majeur du HDP.
Il faut dire qu'en entrant au parlement les député-e-s HDP peuvent essayer de peser sur le pouvoir turc, que ce soit sur les atteintes aux droits humains, la démocratie, la situation d'embargo imposée au Rojava ou les pourparlers autour du processus de paix entre le PKK et l’État turc réellement en cours depuis quelques mois. Ils gagnent de fait en légitimité, même si le pouvoir turc n'a jamais hésité jusque-là à envoyer en prison les jeunes émeutiers comme les députés. Mais cependant la gauche turque comme kurde ne s'en remet pas aux seul-e-s député-e-s. Souvent simplifié en partie kurde, qui est le HDP et que nous dit-il des mouvements sociaux au Kurdistan et en Turquie ?

Le HDP est bien plus qu'un parti « ethnique ». Il regroupe à la fois des militant-e-s de gauche classique et des minorités opprimées qui luttent pour la reconnaissance de leurs droits culturels (Arméniens, Syriaques, Femmes, LGBT-I...) qui défendent le projet politique né dans le mouvement kurde, qui porte le nom de « confédéralisme démocratique ». Si ce paradigme est né du mouvement kurde, il est pensé comme une solution pour le Moyen-Orient. Son élargissement à toute la Turquie, mais aussi à la Syrie, est le signe d'une pensée qui convainc et se présente comme la possibilité d'une victoire contre le capitalisme. 

Retour sur cette évolution. 
La guerre pour l’État-nation
Depuis la formation de la Turquie, les peuples kurdes (organisés en tribus dans les années 20) résistent à l'uniformisation imposée par l’État-nation turc. En 1978, le parti des travailleurs du Kurdistan est fondé (le PéKéKé) avec pour objectif d'obtenir la création d'un État-nation kurde, l'un des seuls derniers peuples nombreux (ils étaient déjà 20 millions dans les années 20, probablement 50 millions aujourd’hui) à ne pas avoir d’État. La Turquie subit un coup d’État en réaction à la puissance montante des mouvements sociaux et notamment du PKK. En 1984, le PKK répond par la lutte armée. Une guerre commence alors au Kurdistan de Turquie dans laquelle l’État va vider des villages, tuer, violer, retourner une partie de la population kurde contres les autres kurdes…

Le confédéralisme démocratique
À la fin des années 1990, le leader kurde A. Ocalan est emprisonné. Le parti est en pleine refonte et entre lectures, analyses de contexte, recherche de nouvelles stratégies, Ocalan et le PKK inventent un nouveau « paradigme » : le confédéralisme démocratique, avec autonomie démocratique. Ils ne revendiquent plus un État-nation pour les Kurdes, mais ce qu'ils nomment un « confédéralisme démocratique ». Il s'agit d'un projet horizontal reconnaissant toutes les cultures présentes dans l'ancienne Mésopotamie. Trois niveaux s'y dessinent et s'imbriquent : la république démocratique, l'autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique. En 2007, naît le DTK (congrès de la société démocratique) au Kurdistan du nord. « Nous voulons nous auto-gouverner en nous organisant dans les différentes parties de la population sous formes d'assemblées. » nous explique son co-président le 18 mars 2015, puis il précise :
« La spécificité de ce système d'autonomie démocratique que nous voulons créer est que ces mécanismes d'assemblées permettent un auto-gouvernement. Nous voulons vivre de manière égale, juste et libres avec tous les peuples de Turquie. Nous considérons qu'une constitution démocratique qui s'appuie sur les droits humains universels est une condition indispensable pour que les Kurdes puissent accéder à leurs droits. Le DTK se compose des différents partis politiques et organisations de la société civiles et de diverses personnes influentes (comme les chefs religieux). Il s'agit d'un chapeau dans lequel se regroupent diverses organisations. Toutes les décisions prises dans les assemblées générales s'appliquent aux organisations qui le composent. Les gouvernements locaux (municipalités) en sont membres. Le DTK s'est constitué de règles démocratiques. 501 délégués dont 301 délégués du peuple, qui ont été choisis dans des assemblées. Les 200 autres délégués sont des représentant-es de diverses institutions : membres de partis politiques, d'organisations de la société civile, chefs religieux progressistes, chefs de tribus. Ces deux cents 200 délégués ont été choisis par des élections dans leurs institutions. Le DTK est dirigé par deux co-dirigeants (un homme et une femme) accompagné-es de 11 membres d'un comité de direction élu par l'AG. Tous les deux ans, le DTK se réunit en « congrès ». Ils se réunissent tous les trois mois en AG. »
En plus de son assemblée des 501, le DTK rassemble une kyrielle d'assemblées générales dans tout le Kurdistan, par rue, par quartier, et par thème aussi. Cette organisation est au cœur du nouveau paradigme. En octobre 2011, est créé dans toute la Turquie le congrès démocratique des peuples (HDK). Ce HDK regroupe de nombreux partis et organisations politiques, en plus de mouvement et associations. Il fonctionne aussi par conseil (Femme, Santé, Travail, Jeunesse, Écologie, Éducation) et commissions (LGTB-I).


Une stratégie d'occupation de tous les terrains
Le HDP est issu du HDK, il et est une coalition de partis politiques, qui a pour objectif d'aller aux élections. Le duo HDP / HDK suit la stratégie que le mouvement kurde a mis vingt ans à développer. Au début des années 1990, un mouvement social large apparaît au Kurdistan, organisé notamment par les femmes qui perdent mari ou fils. En 1993 avec l'ouverture démocratique en Turquie, les Kurdes s'engouffrent et créent un parti légal (cf. numéro 3 pour les détails). Cet agencement entre le parti légal et les branches armées, un mouvement social fort et un parti légal, constitue la marque de fabrique de ce qui se passe au Kurdistan et en Turquie. En occupant à la fois le terrain armé, le terrain électoral et le terrain insurrectionnel de la rue, les mouvements de gauche se donnent le plus de possibilités possibles pour gagner. Ainsi les élections et la prise du pouvoir ne constituent en aucun cas des objectifs en eux-mêmes. Ils font partie d'une stratégie de déstabilisation du pouvoir pour mieux investir la rue, les luttes sociales et créer là où c'est possible des espaces de liberté et de démocratie. 


Les Kurdes font partie de ces rares mouvements qui aujourd'hui qui croient en leur victoire, et ne luttent pas pour de belles défaites. La déprime, l'angoisse et l'apitoiement ne font pas partie du panel militant. C'est une joie spinoziste qui les habite, c'est-à-dire une joie qui les poussent toujours plus loin. Les mouvements français feraient bien de s'inspirer de cette ambiance pour retrouver le goût de la révolution, c'est-à-dire l'idée qu'il est possible de changer les choses concrètement et pas seulement en discours.
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