Il fait une double page, j'ai raccourci le texte et je dois proposer des photos avec en écho au texte.
Il y a trois sélections de photos qui équivalent à trois jours de présence :
- au TGP :
https://plus.google.com/photos/102663407539908626991/albums/6087812664883753297?authkey=CO_Em93Q3NWAsgE- au 104 :
https://plus.google.com/photos/102663407539908626991/albums/6090367471384806129?authkey=CMDim87Euf_STwhttps://plus.google.com/photos/102663407539908626991/albums/6115269675060359057?authkey=CKir87G4v6DHBwMontrer vraiment les choses, les choses vraies, changer les conditions de l'existant
France, Automne 2014
Pendant plusieurs jours, dans un théâtre et un centre d'art contemporain officiels, une installation de théâtre politique va mettre en scène des « zoos humains historiques », pour rappeler combien nos sociétés (post-)coloniales sont racistes... Contre toute attente, va se créer dans la population à cette occasion, un large mouvement de protestation, armé d'arguments esthétiques et politiques. Il s'agira alors pour eux et elles de faire annuler par recours légal les représentations jugées dégradantes pour la dignité des êtres humains et de faire entendre leurs voix au chapitre, les appels à la police et au spectacle des officiels (Ligue des droits de l'homme, MRAP, …) parachevant l'humiliation. Car finalement, la question posée par la foule reste éminemment valable : comment encore faire de l'art et en pourvoir, sans prendre en compte la vie, la politique et les conditions de l'existant tout autour ? L'émeute prendra et sera relayée ensuite dans les médias et sur les réseaux sociaux : « deux antiracismes s'affrontent » ; « quelle liberté d'expression ? pour qui ? » ; « nos fascismes et nos microfascismes ». L'exercice a été profitable, merci, et ainsi a débordé dans la rue le théâtre politique de Brett Bailey, incluant cette fois, les violences policières, les bourreaux, les bureaucrates, les spectateurs. La protestation a mis sous le feu des projecteurs la Culture avec un grand C : cette immense machine de fabrication d'oeuvres et de patrimoine, de suppléments d'âme et d'occultation des consciences, de désignation de ce qui existe et de ce qui n'existe pas aux yeux de la démocratie culturelle.
Non loin du sujet, Claire Rodier de l'organisme Migreurop, nous fait comprendre en 2012, dans son essai Xénophobie Business, que le contrôle, la persécution et l'enfermement des migrants (dont la mort est le corollaire), se réduisent à un énorme marché du Privé, celui de la sécurité, marché occulte que le pouvoir tente ensuite de justifier comme il le peut, autrement dit par un propos et une politique, inventée de nulle part et sans fondement, politique inepte et raciste contre l'étranger.
Lois suicidaires en dépit du bon sens, divertissements artistiques nihilistes qui nous font détourner le regard, ainsi a été mis en place depuis longtemps le mécanisme culturel et légal pour nous faire accepter silencieusement l'inacceptable. Entre deux tranches de foie gras biologique de la cafétéria du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (93) ou du CentQuatre de Paris (75). Entre deux contritions esthétiques pleurnichardes par le spectateur culturel. Le retour de la politique des camps.
Radis Noir
ENCART :Les arguments esthétiques contre Exhibit B :
1. les bourreaux coloniaux manquent à l'appel dans l'oeuvre ;
2. les victimes coloniales sont réifiées, privées de parole, dénudés pour la plupart ;
3. les performeurs.ses sont exclusivement noirs.es ;
4. le pourquoi et le comment des situations coloniales exposées restent romantiques voire absents ;
L'argument politique :L'exposition Exhibit B de Brett Bailey, grand artiste, est pour les manifestants.es une occasion et un prétexte pour dénoncer le racisme ordinaire et/ou structurel d'état.